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Le soufflé de la semaine de 4 jours est-il en train de retomber ?

Présentée comme la formule gagnante en matière d’équilibre des temps de vie, la semaine de 4 jours peine à séduire les agents au sein des administrations qui en font l’expérience.
C’est LA nouvelle tendance en matière d’organisation du travail. Secteurs privé et public, tout le monde réfléchit à la semaine de 4 jours. Ou du moins mène des expérimentations autour de ce rythme. On s’en souvient, début février, le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, avait annoncé, en pleine contestation de la réforme des retraites, le lancement d’un test autour du bien-être au travail des agents de l’Urssaf Picardie consistant à concentrer, sur la base du volontariat, leurs 36 heures de travail hebdomadaires sur 4 jours au lieu de 5. Une manière de faire passer la pilule de l’allongement de la durée de cotisation et de l’âge de départ.

“Je crois que beaucoup de Français aspirent aujourd’hui à travailler différemment, déclarait le ministre délégué à l’époque. La semaine de 35 heures en quatre jours, que 10 000 Français expérimentent déjà dans des secteurs économiques très variés comme le recyclage industriel ou l’information, cela peut être moins de temps passé dans les transports, moins de stress, et au final, plus de bien-être au travail.”

Une annonce largement relayée, et déformée. L’expérimentation ne concernait en aucun cas des agents publics, dans la mesure où les personnels de l’Urssaf Picardie sont soumis au droit du travail privé. Et avec le recul, l’engouement attendu n’a pas été au rendez-vous. Sur une quarantaine de collaborateurs intéressés par l’expérimentation, seuls 3 ont finalement sauté le pas, indique-t-on au sein de l’Urssaf Picardie. “Cette démarche est une réussite pour les 3 salariés qui ont choisi cette option, tient néanmoins à nuancer Anne-Sophie Rousseau, sa directrice. C’est peu au regard du nombre d’agents qui s’étaient déclarés intéressés par cette formule, mais cette participation et les retours des agents concernés nous permettent déjà de tirer certains enseignements précieux, qui vont aussi contribuer à faire avancer la réflexion globale en cours sur le sujet.” Face à ce constat, l’Urssaf Picardie réfléchit d’ores et déjà à des mesures d’adaptation et d’assouplissement du dispositif pour qu’il réponde mieux aux attentes de ses collaborateurs et à leurs contraintes.

Dans le secteur public, la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) a également été précurseure sur le sujet. L’organisation a lancé le même type d’expérimentation sur 4 jours auprès d’un panel de 200 volontaires maximum et en priorité sur des métiers non télétravaillables, détaillait Jérôme Friteau, directeur des relations humaines et de la transformation de la Cnav, en septembre dernier dans les colonnes d’Acteurs publics. Au final, une vingtaine d’expérimentateurs ont accepté de tester la semaine de 4 jours, répartis en 9 métiers différents.

“Nous avons très vite bloqué l’accès à de nouveaux entrants dans l’expérimentation, malgré les demandes, pour éviter d’avoir plusieurs niveaux d’accompagnement individuel différents”, explique néanmoins Jérôme Friteau. Parmi les volontaires, un tiers exercent un métier difficilement télétravaillable, ce qui correspondait au public prioritaire visé par la Cnav afin “d’éviter le match entre cols bleus et cols blancs”, détaille-t-il. L’expérimentation doit se dérouler sur neuf mois, jusqu’en octobre prochain.

Chasser les temps morts

Avant de lancer ce dispositif autour de la semaine de 4 jours, la Cnav a interrogé ses agents afin d’identifier les besoins et les éventuels freins. Il est notamment ressorti de cette consultation que la compression du travail en 4 jours pouvait conduire à des phénomènes de surcharge en matière de circulation et de traitement des informations, ainsi qu’à un sentiment d’urgence dans la gestion de ces informations, pouvant générer de l’anxiété.

Des craintes se situent également au niveau du capital social. Le passage à la semaine de 4 jours est susceptible d’influencer le climat social au sein des équipes en réduisant les temps collectifs et les échanges informels, qui plus est dans un contexte de travail hybride, nous a détaillé Jérôme Friteau. Après quatre mois d’expérimentation, il assure pourtant que les volontaires évaluent à 9,34/10 en moyenne le dispositif, alors que la note moyenne se situait autour de 8,75 au bout du premier mois. Il pointe également un maintien, voire une augmentation de la production avec la nécessité, néanmoins, de chasser les temps morts.

Plus loin, les premiers retours ne mettent pas en avant de difficultés majeures dans l’organisation du travail, même si certains estiment que beaucoup d’informations transitent durant leur jour “off” et éprouvent des difficultés à se mettre à jour. La semaine de 4 jours apporte indéniablement des bénéfices en matière de qualité de repos et d’équilibre vie privée-vie professionnelle, mais le chemin à parcourir pour convertir un nombre plus important d’agents dans les faits reste encore long.

Article Acteurs Publics du 6 juillet 2023

Article publié le 7 juillet 2023.


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