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Télétravail : quand les agents publics mesurent leur consommation d’énergie

Depuis près d’un an, l’Ademe et l’Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb) mènent une expérimentation auprès d’agents volontaires pour mesurer l’impact du télétravail sur le bilan énergétique des administrations. Après avoir obtenu des résultats concluants, l’heure est à l’étude des modalités organisationnelles.
Le télétravail est-il écolo ? Dans la mesure où elle réduit le recours aux transports, l’activité professionnelle à domicile est d’emblée moins émettrice. Mais jusqu’ici, la France ne disposait pas d’étude chiffrée permettant de mesurer les conséquences réelles du télétravail sur la consommation d’énergie. Pour en avoir le cœur net, le ministère de la Transition énergétique a missionné l’Ademe et l’Institut Français pour la Performance du Bâtiment (Ifpeb) afin de lancer une expérimentation, prenant en compte trois dimensions : le tertiaire, c’est-à-dire les bureaux, la mobilité et le résidentiel.

Un appel à manifestation d’intérêt a alors été ouvert en interne, afin d’identifier les administrations publiques volontaires pour faire l’objet d’une étude et ainsi connaître le bilan énergétique de leurs journées en télétravail. L’enquête n’a donc pas vocation à représenter l’ensemble du spectre administratif. "Nous nous sommes volontairement limités à un périmètre restreint", indique Jean-Benoît Lafond, consultant Transformation de Marché - Energie et Performance d’usage à l’Ifpeb et chargé du projet.

Ainsi, une dizaine de sites ont été étudiés, appartenant à l’Ademe, aux ministères de la Transition écologique et énergétique ou à la direction générale de l’Aviation civile. Parmi eux, 100 agents se sont portés volontaires pour partager les données concernant la consommation énergétique de leur logement. "Il n’est pas forcément évident de transmettre ce type de données personnelles, mais la démarche a été très bien perçue. L’attention et l’implication des volontaires ont rendu les échanges très intéressants", se réjouit Jean-Benoît Lafond.

Un bilan positif

Et fermer un site une fois par semaine a un effet notable : cela permet de réaliser entre 25 et 40% d’économies d’énergie, par rapport aux jours où les bureaux sont ouverts. Attention, pour cela, il faut que le site soit intégralement clos et que les différents équipements soient bien mis en sommeil. Et l’analyse va même plus loin : compte tenu des données que l’Ifpeb reçoit dans le cadre des concours CUBE, certaines administrations pourraient économiser jusqu’à 60% d’énergie, en fonction de leur configuration et de leurs spécificités techniques. Mais ces économies sont-elles reportées sur le la consommation énergétique du logement des agents ? Négatif : "L’impact sur les logements demeure très faible par rapport aux deux autres secteurs transport et au bureau", indique le rapport de mi-parcours.

Afin d’identifier les administrations dont la mise en place régulière du télétravail engendrerait les effets les plus notables, il convient d’observer deux critères : la consommation initiale (plus un site est énergivore, plus ses économies potentielles sont élevées), et la densité d’occupation. En effet, moins un site abrite de collaborateurs, plus le bilan énergétique par agent sera élevé. Concernant le volet des transports, l’économie potentielle varie grandement d’un site à l’autre : ainsi, les économies d’énergie sont 2 à 4 fois plus importantes en province qu’à Paris, les trajets domicile-travail étant plus longs.

Une méthode en construction

Les résultats chiffrés identifiés, l’heure est désormais à l’étude organisationnelle. Comment faire, concrètement, pour généraliser la fermeture des sites ? Car si cela semble simple sur le papier, fermer entièrement un bâtiment nécessite une certaine organisation. Il faut réussir à flécher le télétravail vers le vendredi pour pouvoir fermer le site en prévision du week-end, à organiser techniquement la fermeture de site, à mobiliser les gestionnaires…

Pour cela, l’Ademe et l’Ifpeb sont actuellement en train d’échanger avec les organisations volontaires afin de comprendre comment la question est abordée en interne, à travers différents groupes de travail. "Nous avançons très doucement : bien que les outils liés au télétravail soient désormais installés, organiser une fermeture de site est plus compliqué", constate le responsable de l’étude. Si certains équipements ne sont pas activés lorsqu’un site est vide, comme l’éclairage ou les postes informatiques, d’autres nécessitent des réglages. Un protocole de fermeture doit alors être mis en place : sans organisation, le chauffage, les centrales de traitement d’air ou encore ceux de la restauration collective continuent de fonctionner, même lorsque personne n’est sur place.

Du nouveau à l’automne

De nouveaux chiffres seront également générés au terme de la seconde édition de l’expérimentation. "Sur les mêmes sites, nous voulions avoir une vision carbone, et plus seulement une vision énergie", relate Jean-Benoît Lafond. Ainsi, dans la prochaine publication, les données seront actualisées et exprimées en émission carbone.

Cette étude organisationnelle, qui a démarré en juin dernier, prendra fin en décembre 2023. Un guide à destination des organisations, qui présentera une méthode généralisable pour déployer le télétravail, ressortira de l’expérimentation. D’ici là, l’Ademe et l’Ifpeb partageront leurs nouveaux enseignements au courant de l’automne.

Article Acteurs Publics du 28 août 2023

Article publié le 29 août 2023.


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