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Manifestation du 7 février 2023 à Nice

20.000 manifestants selon les syndicats, 6.300 selon la police : la troisième manifestation contre la réforme des retraites a encore fortement mobilisé, ce mardi. Dans le cortège, de nombreux actifs de plus de 50 ans confient leurs inquiétudes pour leur avenir et celui de leurs successeurs.

"Les gars, à 55 ans, ils sont « morts" »
" À 60 ans, on est au bout dans beaucoup de secteurs. Je vois les gars sur les chantiers en face de chez moi : à 55 ans, ils sont « morts" ! Et où va-t-on les recaser ? »

Gérard, 65 ans, enseignant à la retraite, a jeté l’éponge il y a deux ans. Tant pis pour la décote - "Je n’en pouvais plus". Il discute avec Antoine Érard, d’un an son aîné, toujours actif. Encore onze mois pour ce salarié des télécoms. Antoine partira à la retraite à 67 ans, un demi-siècle après ses débuts.

Antoine, Gérard et Huguette ont pris le départ de la troisième manifestation contre la réforme des retraites, ce mardi matin à Nice. Jeunes retraités, futurs retraités, tous rejettent le projet débattu à l’Assemblée. Antoine veut le voir retirer, puis repenser. Par solidarité "pour ceux qui sont derrière, et à qui on demande toujours plus". Il suggère même une piste : "Pourquoi ne pas proposer la semaine de quatre jours à partir de 55 ans, quand vous êtes usé ?"

"De l’expérience à partager"
La solidarité entre générations, une constante dans les cortèges XL qui traversent Nice en 2023. En leur sein, on trouve les actifs de plus de 50 ans. Ceux que le marché de l’emploi considère déjà comme des "seniors".

Didier Scherrer et Solange Raynaud, éducateurs spécialisés, sont dans cette catégorie. Solange songe à ses "enfants qui devront bosser hyper tard". Elle songe aussi qu’elle va devoir "travailler neuf mois de plus". Et qu’à 59 ans, elle "n’a plus la même énergie…"

À 62 ans, Didier doit continuer encore un an - "j’avais l’âge, mais pas les trimestres". Sur la promenade des Anglais, Didier et Solange retrouvent leur collègue Steve, 34 ans, drapeau CGT en main. "Quand j’étais jeune, les anciens, on les appelait « les dinosaures" », sourit Didier. Steve ne se permettrait pas. Mais comment voit-il ses aînés ? "ça dépend des personnes. Certaines sont un peu usées et attendent que ça passe. D’autres ont encore envie, de l’expérience à partager - et c’est intéressant."

"Nos deux meilleures années de retraite"
Pour ses 50 ans, Hervé Zekri "a fait sa mue". C’était il y a trois ans, juste avant le Covid. Hervé est passé du public au privé, d’un poste de cadre à la CCI de Nice au statut de micro-entrepreneur dans l’immobilier touristique. Hervé fait "partie de cette génération pour qui on annonçait la retraite à 60 ans." Ce sera finalement 62. Ou peut-être bien 64. C’est contre cette perspective que défile Hervé, son vélo à ses côtés.

"Plus que mon cas personnel, je défends une vision de la société", plaide ce quinqua. Hervé se dit "modéré", "social-démocrate", attaché à "garder nos régimes à l’équilibre". Il se dit même prêt à "cotiser un peu plus". Mais il refuse "cette réforme dogmatique", qui gommerait "nos deux meilleures années de retraite. Le temps de vie, c’est sacré !"

"Deux ans ferme"
Masséna, Jean-Médecin, Malausséna... Une fois de plus, l’intersyndicale réalise une impressionnante démonstration de force à Nice. 6300 manifestants selon la police, 20.000 selon la CGT. Ils sont un peu moins nombreux que le 31 janvier, quasi autant que le 19 janvier. "On est parti sur une fourchette très haute, rappelle Céline Petit, secrétaire générale adjointe de l’UD-CGT 06. L’important, c’est de tenir sur la durée. Or il y a un turnover."

Laurence Perez et Laure Monnier confirment. Ces quinquas de 56 et 51 ans portent les couleurs du lycée de Valdeblore "en grève". "Certains collègues ne peuvent plus venir manifester à cause du coût de l’essence", confient-elles. Alors Laurence et Laure disent "la pression mentale face aux élèves. Certains sont en souffrance. À 64 ans, on n’a pas vraiment le dynamisme pour y répondre…"

12h30. Quartier Libération. Le cortège se disperse peu à peu, en donnant rendez-vous samedi à 11h place Garibaldi. L’heure du break pour Eric Fioretti, bientôt 61 ans, et Dominique Egio, 56 ans, déguisés en bagnards condamnés à "deux ans ferme". Les avancées vantées par le gouvernement ? "De la com’, balaie Eric. Quand on regarde le détail derrière les chiffres, ce sera une régression pour tous les salariés."

Comme Eric et Dominique, Bénédicte Saussol et Patricia Rastello, de Sospel, sont quinquas et enseignantes. Elles racontent les efforts physiques en maternelle, les carrières hachées, les mi-temps, les congés mat’, ou pat’ d’ailleurs. Elles s’inquiètent pour leurs futures pensions, leur âge de départ, leur forme en fin de carrière. "Passé 50 ans, on ne tient plus sept heures de cours. À la fin la journée, on est vidé."

Article Nice Matin du 7 février 2023

Article publié le 8 février 2023.


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