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Le lobbying des industries ne connaît pas la crise

Des multinationales ont profité de la crise sanitaire pour avancer leur agenda et défendre leurs intérêts industriels auprès de Bruxelles. D’une main, elles mettent en place de vastes campagnes de « greenwashing », de l’autre, elles activent leurs lobbys pour démanteler des normes environnementales et sociales. L’ONG « Les amis de la Terre » a consacré un rapport à ces méthodes.

Dans un rapport intitulé « Lobbying : l’épidémie cachée », l’ONG Les amis de la Terre dévoile les mécanismes utilisés par les multinationales pour sortir gagnantes de la crise sanitaire, à grand coup de « greenwashing » et d’un féroce lobbying.
Les lobbys recyclent de vieilles demandes

« Dans la plupart des cas, les lobbys n’ont fait que recycler de vieilles demandes en les liant fallacieusement à la pandémie. Ils ont par exemple cherché à revenir sur des mesures récentes comme la mise en place de normes climatiques plus strictes pour les automobiles, l’interdiction des sacs plastique, ou encore la séparation entre les activités de conseil aux agriculteurs et de vente de pesticides », résume Les Amis de la Terre.

Le contexte de l’état d’urgence sanitaire, qui a conduit à une marginalisation des syndicats et à l’affaiblissement de l’Assemblée nationale, s’est montré particulièrement favorable à une offensive généralisée contre les réglementations environnementales et sociales.

En ligne de mire : les objectifs de réduction de gaz à effet de serre ou la fiscalité liée à la pollution. « L’Association française des entreprises privées (Afep), qui représente les grandes entreprises tricolores, a demandé le report de plusieurs nouvelles réglementations environnementales, relatives à l’économie circulaire ou aux émissions des sites industriels, ainsi qu’un moratoire sur les objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 », rapporte ainsi l’ONG.

Le Medef a aussi sorti les violons pour requérir auprès d’Élisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique et de l’Écologie solidaire, une révision des récentes lois sur l’économie circulaire et énergie-climat. Les dispositions du « Green New Deal » (projet d’un vaste plan d’investissement pour sortir des énergies fossiles et garantir de nouveaux emplois dans les industries de l’énergie verte) sont aussi dans le viseur des multinationales.Mais ces dernières ne se sont pas contentées d’essayer de détricoter les normes environnementales et sociales.

Leur stratégie consiste à capter à leur profit les aides publiques

Dans le cadre des plans de relance, leur stratégie consiste à capter à leur profit les aides publiques directes et indirectes et à imposer leur agenda technologique. Le gouvernement a ainsi débloqué 7 milliards d’euros pour sauver Air France, sous la forme d’un prêt et d’une garantie pour un emprunt supplémentaire auprès de banques privées, et 5 milliards pour le constructeur automobile Renault, mais les conditions « vertes » annoncées par le gouvernement français sont présentées comme des « engagements » et n’ont rien de contraignantes.

Une condition posée à Air France est par exemple de mettre fin aux lignes intérieures, pour favoriser le transport ferroviaire. Mais sans contrainte législative, ces lignes risquent simplement d’être transférées à des filiales low cost d’Air France. « Pire encore, l’engagement du transporteur de réduire ses émissions de gaz à effet de serre à travers l’usage accru d’agrocarburants sonne à la fois comme une entourloupe – dès lors que les agrocarburants sont largement reconnus comme tout aussi nocifs pour le climat que les carburants fossiles en raison de la déforestation et des changements d’utilisation des sols qu’ils entraînent – et comme un cadeau caché à Total. Le groupe pétrolier cherche en effet à développer cette activité dans sa raffinerie de La Mède, en utilisant en majorité de l’huile de palme », observe l’ONG.
Le dispositif du chômage partiel n’a été conditionné d’aucune contrepartie

Du côté des constructeurs automobiles, on pousse pour favoriser l’adoption de la voiture électrique, qui est pourtant loin d’être d’aussi « verte » qu’elle y paraît, en raison notamment de l’extraction de minerais nécessaires à sa construction et à son alimentation, et parce qu’elle ne résout en rien les pollutions liées aux pneumatiques et aux systèmes de freinage.

Déjà, pendant le confinement, le soutien apporté aux entreprises à travers le dispositif du chômage partiel n’a été conditionné d’aucune contrepartie. Bruno Le Maire s’est contenté d’une timide invitation : « Faire preuve de la plus grande modération en matière de versement de dividendes. »

Notre organisation, au côté de plusieurs ONG, avait demandé la suspension immédiate des dividendes.

Dans un contexte où les droits des salariés sont durement attaqués, où les bénéficiaires des minima sociaux font l’objet d’une surveillance toujours plus sévère, l’absence de contrepartie pour les milliards versés au patronat laisse comme un goût amer.

Communiqué de presse CGT du 9 juin 2020

Article publié le 16 juin 2020.


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