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Capgemini et ses concurrents font face à une vague record de départs de salariés (Pour rappel il s’agit de l’entreprise à laquelle l’Etat va donner des millions d’euros pour le projet Foncier Innovant)

Les entreprises de services informatiques ont constaté le départ de plus de 20 % de leurs effectifs en douze mois.La tendance n’est pas inhabituelle dans le secteur mais atteint des niveaux inédits.

Les recrutements records des entreprises de services numériques (ESN) masquent une réalité plus complexe. Promptes à communiquer sur les dizaines de milliers d’embauches qu’elles ont prévues en 2022 dans le monde, les sociétés du secteur n’ont en fait jamais été confrontées à autant de départs.

La palme revient à la société américano-indienne Cognizant. Quelque 35 % des 330.000 ingénieurs dont elle vend les services aux multinationales du monde entier ont claqué la porte sur les douze derniers mois.

Mais la tendance est généralisée. 25,5 % des 220.000 salariés de Wipro ont quitté l’entreprise en un an. Infosys (250.000 personnes) fait était d’un taux d’attrition de 25,5 %. Chez le numéro un français Capgemini, 23,5 % des 320.000 salariés ont jugé en 2021 que l’herbe était plus verte ailleurs, tandis qu’ils ont été 19 % à être partis d’Accenture.

Contrairement au phénomène de « grande démission » qui touche diverses branches du marché de l’emploi depuis quelques mois (la restauration, l’hôpital…), la situation n’est pas inhabituelle pour les sociétés de services informatiques. Mais les taux d’attrition atteignent désormais des niveaux inédits. Par comparaison, Cognizant et Capgemini n’avaient respectivement vu filer « que » 21 et 20 % de leurs effectifs en 2019, avant l’épidémie de Covid-19.

Un effet de rattrapage par rapport à 2020

Les raisons à cette vague de départ sont très conjoncturelles mais aussi plus profondes. « Ces taux d’attrition s’inscrivent dans un marché à forte croissance avec une belle dynamique de recrutement. Il y a également un effet de rattrapage par rapport à 2020 », relativise Anne Lebel, la directrice des ressources humaines de Capgemini.

Après une année 2020 fortement ralentie par l’épidémie et pendant laquelle les professionnels du secteur ont peu changé d’employeurs, le nombre de salariés en quête d’ailleurs était plus important en 2021. En un an, Capgemini a pourvu 50.000 nouveaux postes, soit 20 % de ses effectifs, tandis que ses revenus ont augmenté de 14,6 %.

Guerre des talents

Mais les aspirations des salariés du secteur ont aussi changé. « Aujourd’hui, le critère numéro un de recrutement est la flexibilité du travail, c’est-à-dire la façon dont le télétravail est perçu dans l’entreprise », note Béatrice Kosowski, la présidente d’IBM France, reléguant les questions d’argent au second plan. Or, la possibilité de travailler à distance n’est pas garantie dans nombre d’ESN, au prétexte que les clients exigent parfois toujours de voir les ingénieurs qu’ils payent.

Par ailleurs, les métiers de la tech ont la cote sur le marché de l’emploi. En France, près de 232.000 postes seraient à pourvoir d’ici à 2027 dans le secteur du numérique. Dans la guerre des talents à laquelle se livrent les champions mondiaux, les start-up très argentées et les ESN, les profils rares croulent sous les offres des chasseurs de têtes.

« Sur des expertises comme le cloud ou l’analyse de données, on voit des consultants avec seulement trois ans d’expérience se faire débaucher et doubler leurs salaires », observe Franck Nassah, analyste chez Teknowlogy. Même les clients des ESN embauchent davantage pour étoffer leurs équipes internes, désormais convaincus du caractère stratégique de la démarche après plusieurs décennies d’externalisation. Dans ce contexte, « la fonction RH a pris une place plus importante dans les décisions stratégiques des entreprises depuis la crise », indique dans une étude l’association Numeum qui représente le secteur en France. Pour fidéliser, les ESN forment ceux qu’ils appellent les « talents », leur donnent une perspective de carrière et augmentent leurs salaires.

Réorganisation en cours

Vu l’an dernier comme un levier de rentabilité, le travail à distance pousse certaines entreprises à se réorganiser pour fidéliser, y compris en Inde. Chez Wipro, les ingénieurs repartis dans leurs provinces pendant les confinements ne sont plus obligés de revenir à Bangalore ou Pune pour retrouver leurs postes. L’entreprise a ouvert des bureaux dans des villes moyennes comme Cochin, Coimbatore ou Vizag.

Les patrons n’envisagent pas de détente à court terme. Les analystes financiers ne s’en inquiètent pas tant que la situation n’empêche pas les sociétés d’augmenter leurs effectifs. Pour tout le secteur, la pénurie d’experts est le premier frein aux 4 % de croissance promis par les cabinets d’études de marché pour les années à venir.

Article les Échos du 23 février 2022

Article publié le 23 février 2022.


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