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Des restaurateurs sur le gril

DRÔLE de cuisine chez les Bourdoncle, ce couple de restaurateurs aujourd’hui séparés dont la fortune est évaluée à 140 millions d’euros par le magazine « Challenges » (2020). A vrai dire, c’est surtout madame qui est visée. Auraitelle profité de la pandémie pour faire travailler du personnel aux frais de la princesse ?

Documents à l’appui, deux de ses anciens salariés dénoncent une série de fraudes au chômage partiel, un dispositif qui permet d’être payé par l’Etat et l’Unédic en restant chez soi lorsque le virus sévit. Lieu du forfait allégué ? Le Brebant, la grande brasserie parisienne de madame, qui a réalisé 6 316 221 euros de chiffre d’affaires en 2019.

Bulletins de paie à environ 1 500 euros net dans la main, Yves (prénom changé), ex-gérant de nuit et, à ce titre, responsable des salariés comme du tiroir-caisse, se souvient des « soirées très rentables pour la patronne », alors que son salaire était réglé en très grande partie par le contribuable. « En septembre et en octobre 2020, j’ai été payé par le dispositif d’aide alors que j’étais présent de nombreux jours au travail et que la clientèle était au rendez-vous », rembobine ce drôle de « chômeur partiel ».

La preuve ? Lors de la nuit du 1er septembre, durant laquelle il a travaillé en étant payé par le dispositif d’aide, il a rapporté, selon les comptes détaillés et les recettes que le Volatile a consultés, plus de 9 267 euros à l’établissement. Le 2 septembre, près de 10 500 euros ont garni la caisse du restaurant ; rebelote le mois suivant.

Services incompris

L’un de ses anciens collègues, lui aussi en litige devant les prud’hommes pour travail dissimulé et non-paiement des heures supplémentaires, décrit un système de fraude identique. En juin 2020, grâce au chômage partiel, il perçoit 1 498,87 euros, alors qu’en réalité il a travaillé plusieurs jours durant cette période.

L’homme décrit un système bien huilé. « Durant la période de chômage partiel, et pour faire baisser les charges sociales, les salariés recevaient un chèque (en partie alimenté par l’Etat) et parfois un complément en espèces », se souvient-il. Les deux collègues assurent avoir « subi la situation pour garder leur place », et reconnaissent « [s] ’être déplacés pour toucher le complément ».

Bourdoncle incarné

Contacté par « Le Canard », Christian Laroche, avocat de Chrystel Bourdoncle, mais aussi de son ex-mari, Thierry Bourdoncle, contre-attaque : « Si ces salariés étaient bien au chômage partiel, pourquoi se sont-ils déplacés pour travailler ? » Et de préciser : « Le groupe Bourdoncle et Thierry Bourdoncle n’ont rien à voir avec Chrystel. » Ambiance...

Séparés depuis 2015 - mais toujours partenaires commerciaux - , les Bourdoncle se trouvent à ia tête d’un bizness florissant à Paris, à Megève et en Normandie. Chrystel dirige 13 entreprises en son nom. Après avoir racheté Le Central et les sept établissements du groupe Van Colen à Trouville-sur-Mer (Calvados) à la fin de février 2020, Thierry, lui, s’est offert Le Café de Paris à Deauville !

En octobre 2020, face à Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, à qui il demandait des aides, il le jurait : « Si ça continue comme ça, je n’aurai pas d’autre choix que de licencier. » Et son ex, elle en pensait quoi ?

Article Le Canard Enchaîné du 2 mars 2022

Article publié le 2 mars 2022.


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