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Emmanuel Macron envisage de repousser l’âge de la retraite à 65 ans

Le président candidat devrait viser un nouvel âge légal de 65 ans, à un horizon d’une dizaine d’années, quand le projet de réforme précédent tablait sur un « âge pivot » à 64 ans.
Ce serait assorti de compensations importantes sur l’invalidité, l’usure professionnelle, les « temps de vie ».

Soixante-quatre ans, ce serait un peu court. Selon des sources concordantes et proches du dossier, Emmanuel Macron envisage désormais de porter la retraite à 65 ans s’il est réélu à la présidence de la République le mois prochain. Jusqu’à l’abandon du projet de loi de réforme des retraites, en raison de la crise du Covid, en mars 2020, la cible était plutôt 64 ans. Il s’agissait d’ailleurs non pas de relever l’âge légal d’ouverture des droits, mais d’inventer un « âge pivot » n’ayant pas valeur de couperet.

Le candidat Macron vise désormais une réforme plus facile à actionner et permettant de réaliser des économies assez rapidement. Exit les points et les transitions compliquées de tous les régimes vers le régime universel et l’âge pivot. L’objectif, comme il l’a expliqué devant les téléspectateurs en décembre, est que les Français « travaillent plus longtemps ». Cela permettra de « préserver les pensions de nos retraités » mais aussi de « financer notre modèle social », avait-il expliqué.

Encore faut-il que le potentiel d’économies soit à la hauteur des enjeux. A la pandémie, qui interdit de poursuivre la politique du rabot sur les dépenses de santé pour la décennie à venir, s’est ajoutée l’affaire Orpea, qui rend urgente une vraie réforme de prise en charge des personnes âgées. Surtout, la guerre en Ukraine et le choc gazier devraient aussi coûter très cher, et impliquer des investissements lourds (énergie, défense), au risque de peser sur la notation financière de la France.

Cadence de 4 mois par an

S’il doit continuer à soutenir des pans entiers de son économie, le futur président devra donner des gages de sérieux à Bruxelles et aux marchés financiers. Et le système de retraite est le principal gisement d’économies, après l’assurance chômage, déjà réformée. De plus, en promettant la retraite à 65 ans, le candidat Macron couperait l’herbe sous le pied de sa rivale LR, Valérie Pécresse, qui la propose aussi.

Passer l’âge minimum à 65 ans ne se fera pas en un quinquennat. Selon plusieurs sources, le rythme privilégié serait de quatre mois cotisés supplémentaires pour chaque génération, soit neuf ans de transition. Si la réforme entre en vigueur en 2023, elle sera achevée en 2032. Cette cadence s’est imposée comme une « évidence », pour aller vite mais en évitant de pousser à cinq mois - pour rappel, la réforme de 2010 avait été accélérée de quatre mois à cinq mois dès 2011.

Ces dernières semaines, les options « 64 ans » et « 65 ans » ont été pesées et soupesées avec beaucoup d’attention. Avec un déficit du régime des retraites avoisinant 10 milliards d’euros par an jusqu’en 2030, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), le décalage de deux ans de l’âge de départ serait tout juste suffisant pour équilibrer les comptes, estime le gouvernement.

Pilules adoucissantes

Les économies brutes attendues avec la retraite à 64 ans sont proches de 14 milliards d’euros par an. C’est le montant qu’a rapporté en 2020 le décalage de 60 à 62 ans de l’âge minimum, voté dix ans auparavant. Mais il faut retrancher les nouvelles prestations sociales induites par ce décalage de deux ans, en termes de chômage, d’invalidité, de RSA… Le COR a estimé qu’un tiers des économies du passage à 62 ans s’étaient ainsi évaporées.

Avec la retraite à 65 ans, les économies seraient plus importantes et laisseraient des marges de manœuvre financières pour mettre en place des mesures compensatoires, voire une vraie réforme des temps de vie, qui se chiffreraient en milliards d’euros. Il y a d’abord la retraite minimum à 1.000 euros, déjà annoncée par l’actuel président. Mais aussi les pilules adoucissantes pour les carrières longues, les personnes en invalidité ou bien souffrant d’« usure professionnelle » - au sein du gouvernement, on évite soigneusement le terme de « pénibilité », qui renvoie à un dispositif en particulier.

Enfin, Emmanuel Macron n’a pas oublié son projet de réformer les temps de vie, pour gagner en fluidité. La réflexion sur les transitions emploi-retraite a déjà été engagée. Il pourrait choisir de donner un nouvel élan au compte personnel d’activité créé par la gauche. Eclipsé ces derniers temps par sa composante « formation » (le compte personnel de formation), ce dispositif vise à assurer la continuité des droits sociaux dans des parcours de vie moins linéaires que par le passé.

Article Les Echos du 10 mars 2022

Article publié le 10 mars 2022.


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