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Grave accident du travail sur le chantier du village olympique

La victime a été écrasée par un camion malaxeur à Saint-Denis. L’accident s’est produit ce lundi, vers 16 heures, rue Ampère, l’artère principale desservant le chantier du village des athlètes.

Une simple confirmation mais strictement aucun détail, même pas factuel, sur l’heure, le lieu, l’âge ou la profession du blessé. Rien. Nicolas Ferrand, directeur général de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), a juste confirmé, hier, l’existence d’un accident grave du travail, qui s’est produit la veille sur le chantier du village olympique, dans sa partie située à Saint-Denis. « Il y a une enquête judiciaire, qui est en cours. Je ne peux rien dire », a-t-il justifié, rendant par ricochet totalement invisible la victime.

Le drame est revenu aux oreilles de Matthieu Lépine, qui recense sur un compte Twitter les accidents du travail en France. Les faits se sont produits peu avant 16 heures, lundi, rue Ampère, l’artère principale desservant les nombreuses constructions en cours dans ce futur village où 14 000 athlètes et leurs accompagnants seront hébergés dans le cadre des Jeux de Paris 2024.

Des circonstances encore floues

Selon le parquet de Bobigny, la victime, âgée de 44 ans, domiciliée à Paris, « a eu les jambes et un bras écrasés par un camion » malaxeur transportant du béton, « dans des circonstances, là encore, pas précisément établies ». L’homme, grièvement touché, a été transporté à l’hôpital Avicenne, à Bobigny. Son état n’a pas pu permettre aux enquêteurs du commissariat de Saint-Denis de l’entendre.

La ZAC du village olympique, dont la Solideo a la maîtrise d’ouvrage, se transformera après les JO en un nouveau quartier avec, entre autres, 1 715 logements familiaux prévus rien que sur l’emprise de Saint-Denis et Saint-Ouen.

Aujourd’hui, 1 400 compagnons y travaillent à l’ombre de 35 grues ! Au pic de l’activité, en fin d’année, ils seront plus de 3 000 ouvriers à être mobilisés sur l’ensemble de ce site de 52 ha, à cheval sur Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Île-Saint-Denis. 500 camions, qui font la navette suivant un plan de circulation strict, avec leur base logistique déportée au port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Le but est d’éviter qu’ils stagnent sur place et de limiter ainsi les accidents.

Un « projet à l’ampleur exceptionnelle », rappelle la Solideo, qui indique avoir voulu « créer chez les compagnons une véritable culture commune de la sécurité ». Une charte HSE (Hygiène - sécurité - environnement) a été mise au point l’an dernier, avec les dix maîtres d’ouvrage du village olympique, la caisse régionale d’assurance maladie et les services de l’État entre autres.

À l’été, 8 000 ouvriers seront à pied d’œuvre sur les 58 ouvrages lancés. « On a eu sept accidents graves depuis le début des chantiers olympiques a précisé encore Nicolas Ferrand. C’est beaucoup et pas beaucoup mais on jugera cela à la fin. On est tous mobilisés. C’est une très grosse préoccupation pour nous. »

Un drame toutes les deux minutes en France

Du côté de la CGT, c’est pourtant l’inquiétude qui prédomine après le drame de lundi. « Cet événement met en lumière la question scandaleuse des risques au travail dans le secteur de la construction », réagit-elle hier, en demandant « la fin de la sous-traitance en cascade ». Le syndicat souhaite en particulier « la concrétisation urgente de la possibilité de tenir des permanences syndicales au cœur des grands chantiers des JO de Paris ».

Il y a pourtant bien un local syndical implanté à la base vie du chantier du village des athlètes, avec « une demi-journée de permanence par semaine », assure la Solideo. Bien insuffisant pour la CGT, dont les militants ont d’ailleurs distribué, le 20 janvier, des tracts auprès des compagnons.

Les chiffres de l’assurance maladie (de 2019) viennent rappeler que ce sont les salariés du BTP, qui paient le plus lourd tribut aux accidents du travail. Tous les ans, en France, un salarié sur dix-huit en est victime. Soit un accident toutes les deux minutes.

Article Le Parisien du 26 janvier 2022

Article publié le 27 janvier 2022.


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