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Grève massive en vue pour les salaires à la RATP Les syndicats de la Régie autonome des transports parisiens appellent à arrêter le travail vendredi 18 février

C’est un vendredi noir qui se profile pour les usagers du métro et du RER. A l’appel de l’ensemble des organisations syndicales de la RATP, un mouvement de grève a été lancé pour le vendredi 18 février, au nom de la défense du pouvoir d’achat. Tous les signes avant-coureurs indiquent que la mobilisation pourrait être très importante, en particulier sur le réseau ferré qui transporte 7 millions de personnes chaque jour.

Mais, au-delà d’une journée de galère annoncée, cette mi-février semble donner le coup d’envoi d’un regain de conflictualité dans les transports de la région parisienne, avec l’ouverture de plusieurs fronts en parallèle. Comme si la perspective d’un desserrement de l’épidémie était en train de raviver des tensions sociales mises sous l’éteignoir depuis presque deux ans.

Le premier front est donc celui des revendications salariales à la RATP, dans un contexte d’une montée de l’inflation que l’Insee prévoit autour au-delà de 3 % sur ce premier semestre. Le choix du 18 février correspond à la journée de négociations sur les salaires en 2022. Signe que la direction s’attend à un conflit sévère, une réunion de désamorçage a eu lieu lundi 14 février avec les organisations syndicales en présence du DRH du Groupe RATP, Jean Agulhon. En fait de désamorçage, cela a été surtout un dialogue de sourds, la direction annonçant une augmentation moyenne de 2,7 % pour 2022, chiffre que les syndicats ont vivement contesté.

«  La provocation de trop  »

«  La réunion s’est mal passée. Le DRH est surtout venu nous traiter d’irresponsables, relate Bertrand Hammache, secrétaire général de la CGT-RATP, premier syndicat de l’entreprise. Cette augmentation de 2,7 % c’est une moyenne.Si vous faites entrer Bill Gates dans une salle pleine de smicards, en moyenne tout le monde devient milliardaire. Non, le vrai chiffre c’est 0,4 % d’augmentation pour tous.  » «  Le pouvoir d’achat des salariés a fondu en dix ans, ajoute Arole Lamasse, secrétaire général de l’UNSA-RATP, troisième syndicat du groupe. Désormais, on voit des jeunes embauchés repartir au bout de trois mois parce qu’ils vont gagner plus chez McDo.  »

En face, la direction tente de convaincre de la consistance de sa politique salariale.D’après un courrier interne envoyé aux salariés que Le Monde a pu consulter, l’entreprise affirme que «  la rémunération moyenne des personnels en place a progressé de 23,8 % entre 2012 et 2021, nettement au-delà du rythme de l’inflation (+ 7,8 %)  ». Et elle souligne qu’elle s’apprête, entre divers types d’augmentations et intéressement, à «  redistribuer  » 100 millions d’euros aux agents en 2022.

Mais cela prend d’autant moins que le conflit est attisé par l’arrivée d’un nouveau venu dans le paysage syndical de la RATP  : Force ouvrière, devenue deuxième organisation de l’entreprise, et issue d’une scission au printemps 2021 de l’UNSA-RATP. FO-RATP et son secrétaire général, Laurent Djebali, veulent montrer leurs forces. «  FO est majoritaire à 80 % dans la conduite au métro, explique-t-il. Nous ne sommes pas des têtes brûlées, mais 0,4 %, cela a été la provocation de trop. Le mouvement va être très suivi  : on annonce déjà que les lignes 4 et 5 seront fermées, la 9 fonctionnera à 75 %. C’est un coup de semonce. Il restera quinze jours pour dialoguer, mais il n’est pas exclu de reprendre après les vacances.  »

Fermeture de guichets

L’autre front de conflictualité concerne le réseau de bus. Il s’agit de l’arrivée prochaine de la concurrence sur les lignes historiques de la RATP (1er janvier 2025). Un conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports dans la région capitale, donne le coup d’envoi de ce bouleversement jeudi 17 février en entérinant la procédure de mise sur le marché (une délégation de service public), un découpage en douze lots (certains ont la taille des réseaux de Toulouse, Nantes ou Nice) et un calendrier d’attribution. Cela pourrait réveiller les tensions dans cette partie du groupe. Certains syndicats, comme l’UNSA, envisagent une prise de relais du mouvement par les personnels de bus, après ceux du métro et du RER.

Mais la tension sociale ne s’étend pas seulement à la RATP. Du côté de Transilien (SNCF), une mobilisation est en cours contre un projet de réorganisation impliquant d’ici à 2023 la fermeture totale ou partielle de guichets dans les gares d’Ile-de-France. La direction de Transilien ne donne pas de chiffres précis, mais SUD-Rail parle de plus de 300 postes dans une centaine de gares, plutôt en grande couronne, et de 500 emplois concernés.

«  Nous démentons formellement les suppressions d’emplois, répond un porte-parole de Transilien. C’est l’inverse, nous allons embaucher 150 personnes. Ce projet est un redéploiement des personnels de guichets au bénéfice des voyageurs. Il n’y a pas de gare où on ne pourra pas s’adresser à un agent.  » Pas convaincue, la CGT avait prévu une manifestation mercredi 16 février «  contre la casse du service public  » devant le siège de la région Ile-de-France, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).

Article Le Monde du 17 février 2022

Article publié le 17 février 2022.


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