vous êtes ici : accueil > Divers

Vos outils
  • Diminuer la taille du texte
  • Agmenter la taille du texte
  • Envoyer le lien à un ami
  • Imprimer le texte

L’IGN mise sur l’intelligence artificielle pour se réinventer

Face aux grands défis écologiques et au bouleversement de son modèle économique avec l’irruption de l’open data, l’Institut national de l’information géographique et forestière entend se spécialiser dans les techniques de l’intelligence artificielle pour mieux faire parler les données, dans un contexte de remise en question de son modèle économique.
“Changer d’échelle”. Tel est le nouveau slogan assené par l’IGN depuis la fin d’année 2021 et son repositionnement stratégique. Pour changer d’échelle dans la description de l’activité humaine sur l’environnement, et produire ses fameuses “cartes de l’anthropocène”, l’Institut veut aussi changer d’approche, en misant pleinement sur les promesses de l’intelligence artificielle alors que ses effectifs continuent de décroître chaque année. Une feuille de route a ainsi été publiée le 24 février pour préciser à fois les objectifs stratégiques de l’utilisation de nouvelles techniques d’analyse de données, les moyens de les atteindre, et les questions posées par ces nouveaux usages, aux plans social et écologique.

L’Institut ne débarque pas en terrain inconnu. Il explore déjà depuis plusieurs années le potentiel de l’IA et en particulier de l’apprentissage profond. Ses laboratoires de recherche sont notamment en première ligne en matière de télédétection, de cartographie et de localisation. Plusieurs de ses projets notamment lauréats du Fonds pour la transformation de l’action publique misent déjà très concrètement sur ces techniques, par exemple pour mieux suivre l’artificialisation des sols, cartographier les habitats naturels, ou analyser automatiquement les images obtenues par le vaste programme Lidar de modélisation 3D de l’ensemble du territoire français. Un chantier à 60 millions d’euros sur cinq ans. “L’intelligence artificielle peut offrir une capacité à extraire automatiquement de l’information de manière généralisée. Elle permet de faire un premier pas important dans la description du territoire”, explique Matthieu Porte, coordinateur des activités en IA à l’IGN.

Sur l’artificialisation des sols, l’intelligence artificielle est d’ores et déjà entraînée à détecter sur des images aériennes l’emplacement de différents éléments : bitume, végétation, forêts, bâtiments… “Cette première couche d’informations obtenue automatiquement est ensuite croisée avec des données externes, ou consolidées par l’intervention humaine sur des zones incertaines”, précise le coordinateur. Un premier prototype de la base d’occupation du sol grande échelle (OCS GE) est d’ores et déjà en ligne pour montrer les premiers résultats de l’utilisation de l’IA sur le territoire du bassin d’Arcachon.

Vivier d’experts

Avec sa feuille de route, l’Institut tenait surtout à clarifier sa stratégie en la matière. “Le but était de remettre de l’ordre, de comprendre ce qu’apporte l’IA dans nos métiers, tout en s’assurant qu’elle s’accomplisse le mieux possible, en matière de recrutements, de moyens informatiques, de ressources humaines, de partenariats et d’impact sur le travail humain et sur l’environnement”, résume Matthieu Porte.

Mais pour y parvenir, encore faut-il disposer des bonnes compétences. Et elles sont rares dans le domaine. L’Institut ne compte pas tout faire lui-même, et entend nouer des partenariats avec des communautés d’experts en IA et information géographique, mais aussi avec des start-ups et industriels. Elle entend aussi “démocratiser l’IA” en interne pour conserver une certaine expertise et maîtrise des projets.

L’ambition est de constituer un vivier de 30 à 40 ingénieurs en intelligence artificielle d’ici à 2023. Contre 9 actuellement. L’Institut pourra s’appuyer sur son école nationale de géomatique, qui fournit déjà 318 ingénieurs des travaux géographiques et cartographiques de l’État sur les 1 500 agents de l’IGN (contre 1 700 en 2016). Le nombre de places d’ingénieurs fonctionnaires ouvertes au concours doit être doublé et son offre est en cours de refonte pour inclure une formation à l’IA, dans le tronc commun, mais aussi en spécialisation. La formation interne à l’IGN constitue également une bonne piste pour re-spécialiser des agents, notamment des profils de chercheurs ou d’ingénieurs géomaticiens déjà familiers des données. Tandis que le recrutement de contractuels constitue un bon levier pour attirer des profils plus rares ou pour des besoins plus spécifiques. La combinaison de ces trois voies est “nécessaire pour la richesse de notre écosystème IA et avoir des profils avec une expérience significative en géomatique, ou des profils senior en IA”, généralement recrutés sur contrat, fait valoir Matthieu Porte. Au-delà de ce vivier d’experts, l’IGN a mis en place en 2020 un programme d’initiation à l’IA pour l’ensemble des agents, dont 120 ont déjà bénéficié.

La question des ressources informatiques reste enfin centrale, à la fois pour pouvoir mener à bien les projets et expérimentations et pour attirer les talents. “Nous avons à la fois besoin d’infrastructures suffisamment dimensionnées pour assurer les productions nationales et de ressources de calcul suffisamment flexibles et accessibles pour faciliter l’accès à l’IA”, explique le coordinateur des activités IA. Un audit est actuellement en cours afin d’évaluer les capacités actuelles et nécessaires à l’avenir. L’Institut s’appuie aujourd’hui sur des ressources propres, mais aussi sur le supercalculateur Jean Zay, et envisage de s’appuyer sur des ressources cloud externes pour répondre rapidement à des besoins ponctuels, en particulier pour les formations et les expérimentations.

Article Acteurs Publics du 2 mars 2022

Article publié le 4 mars 2022.


Politique de confidentialité. Site réalisé en interne et propulsé par SPIP.