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La réforme Macron des retraites ? Dans un demi-siècle !

E MMANUEL MACRON aura...91 ans lorsque les premiers bénéficiaires de sa réforme des retraites prendront la leur au terme d’une carrière complète. C’est ce qui s’annonce si l’Elysée met en œuvre son plan B, destiné à contourner la résistance syndicale. La réforme ne concernerait plus que les jeunes accédant à leur premier emploi à partir de 2025 et qui cesseraient donc leur activité à compter de 2068. Le futur ex aura alors presque l’âge de Giscard aujourd’hui.
Macron se tâte encore avant d’arrêter une décision aussi grave. Toutefois, le doute n’est pas nouveau. Il a surgi au tout début de la gestation du futur système unique, lorsque, dès sa première note de travail, au printemps 2018, Jean-Paul Delevoye employait une formule conditionnelle jugée trop timorée à l’Elysée : Si la reforme s’applique en 2025... »
Depuis, le volontarisme macronien s’est cogné au mur des contradictions. Exemples : pourquoi ne pas répondre aux pompiers sur le maintien des bonifications pour service actif et, en même temps, l’accorder aux policiers ? Pourquoi refuser de répondre aux infirmiers hospitaliers sur la pérennité de ces bonif, alors qu’ils en bénéficient actuellement ?
Pourquoi assurer aux professions libérales que dé-rober les réserves financières de leur régime serait illégal et - toujours en même temps – s’apprêter à siphonner celles des salariés constituées par l’Agirc-Arrco ?
L’impressionnant succès de la grève de la RATP, le 24 septembre, puis le massif droit de retrait des cheminots, la semaine dernière, en ont perturbé plus d’un, au gouvernement. Et la crainte s’installe face à la perspective de la grève SNCF-RATP prévue pour le 5 décembre... qui pourrait jouer les prolongations. Le spectre de la paralysie des trains pendant trois semaines en 1995, au terme de laquelle Juppé avait dû retirer son projet de réforme des retraites, rôde.
Un plan qui déraille Pour calmer les mécontents, l’idée a été de saucissonner la réforme. Dans un premier temps, Edouard Philippe a ainsi envisagé de limiter l’application du nouveau texte dès 2025 aux seuls salariés du privé. Le gouvernement a ensuite penché pour une mise en œuvre progressive de la réforme qui commencerait par les plus jeunes. Lesquels sont aussi, comme
l’observe finement Edouard Philippe, les plus éloignés de la retraite L’Elysée a été plus audacieux encore dans la marche arrière : la reforme ne s’appliquerait qu’aux jeunes entrants sur le marché du travail en 2025.
Après quoi le pouvoir aurait du temps pour régler les problèmes en suspens.
Cette perspective ne réjouit pas Laurent Berger, qui a mouillé sa chemise pour promouvoir un système unique par points. » Cela serait une reforme très, très lente, avec trop de temps pour ceux qui ont espéré un système nouveau universel (les femmes, les carrières hachées...) », lâche-t-il en privé. En plus, la réforme qui voulait simplifier le système des retraites le compliquerait davantage en instaurant un nouveau régime.
Un ancien patron de l’Arrco (le régime de retraite complémentaire des salariés) explique : « Le gouvernement voulait supprimer les 42 régimes spéciaux pour les remplacer par le régime universel. Finalement, il maintiendrait les 42 et en créerait un 43, celui des jeunes qui prendront leur premier emploi en 2025. »
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire inextricable ?

Article du Canard Enchaîné du 23/10/2019

Article publié le 23 octobre 2019.


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