vous êtes ici : accueil > Divers

Vos outils
  • Diminuer la taille du texte
  • Agmenter la taille du texte
  • Envoyer le lien à un ami
  • Imprimer le texte

Temps de travail : ce que veulent vraiment les Français

Comme à chaque élection présidentielle, les candidats avancent des propositions sur le temps de travail. A gauche, Philippe Poutou propose 28 heures de travail hebdomadaires, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel, la semaine de 32 heures ; Anne Hidalgo estime que la question du temps de travail est « une évidence ». A droite, pour Valérie Pécresse et Eric Zemmour, c’est le slogan « travailler plus pour gagner plus » qui a le vent en poupe.

Mais qu’en pensent vraiment les Français qui travaillent ? L’enquête emploi de l’Insee, utilisée pour estimer le taux de chômage et de nombreux indicateurs du marché du travail, nous livre des enseignements intéressants sur ce sujet. Tout d’abord, avant la crise sanitaire, en 2019, comme en 2020, 16 % des salariés en CDI ou en CDD souhaitent travailler plus d’heures avec une hausse de revenu correspondante. Et ils ne sont que 2 % à souhaiter travailler moins avec une baisse de revenu correspondante. Ainsi, une écrasante majorité, soit 82 %, est satisfaite de sa durée du travail et n’a aucun souhait de travailler plus pour gagner plus… et encore moins de travailler moins en gagnant moins.

Ce constat, vrai pour l’ensemble des salariés, est aussi valable pour ceux qui travaillent moins de 35 heures : 28 % désirent travailler plus et seulement 1 % travailler moins. Quant à ceux à 35 heures, 83 % sont satisfaits de leurs horaires, 16 % souhaitent travailler plus et 1 % travailler moins. En moyenne, ceux qui veulent travailler plus semblent nostalgiques de temps révolus, puisqu’ils voudraient passer à 40 heures.

Ce sont surtout les salariés à revenu modeste qui veulent travailler plus. 30 % de ceux qui appartiennent au premier quartile des salaires mensuels veulent travailler plus alors que seuls 8 % des salariés appartenant au plus haut quartile expriment ce souhait. Quant à moins travailler, moins de 1 % des travailleurs à faible salaire le souhaitent. De ce point de vue, les candidats de gauche semblent déconnectés des attentes de leur électorat cible, à l’instar de la CGT qui milite pour la semaine de 32 heures. Sauf à penser qu’une partie importante de cette population pense qu’il est possible de gagner autant ou plus en travaillant moins, ce qui est peu probable.

Les candidats de droite, en reprenant le slogan « travailler plus pour gagner plus », sont mieux en phase avec les souhaits d’une partie non négligeable de la population, et surtout des salariés à revenu modeste. Cependant leurs propositions tournent pour l’essentiel autour de la défiscalisation des heures supplémentaires. La candidate LR tweete : « Nous voulons […] restaurer la défiscalisation des heures supplémentaires voulue par Nicolas Sarkozy. » Eric Zemmour annonce que « les heures supplémentaires seront payées intégralement sans charge, sans impôt ».

Or, il est bien connu que la défiscalisation des heures supplémentaires, introduite en 2007 par Nicolas Sarkozy, supprimée par François Hollande en 2012, et réintroduite de façon édulcorée en 2017 par Emmanuel Macron, est un très mauvais outil fiscal : elle entraîne des effets d’aubaine massifs, elle n’est pas favorable à l’emploi et elle ne réduit pas les inégalités. Les prétendants à la présidence de la République auraient sans doute intérêt à tenir compte des retours d’expérience et à se concentrer sur les véritables attentes de leurs électeurs pour proposer des mesures sensées, susceptibles de retenir leur attention.

Article Les Echos du 25 février 2022

Article publié le 28 février 2022.


Politique de confidentialité. Site réalisé en interne et propulsé par SPIP.