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En « télégrève », les salariés d’IBM envahissent une réunion virtuelle

Pour protester contre un vaste plan de restructuration au sein du groupe informatique, une centaine d’employés se sont invités au CSE en ligne. Une première dans l’Hexagone.

« Une manif virtuelle en visioconférence » suivie d’une « invasion de salle numérique en plein comité social et économique (CSE) ». Ce vendredi, une centaine de salariés du géant de l’informatique américain IBM — sur les 5 000 salariés que compte l’entreprise en France — ont inauguré la « télégrève » (la grève adaptée au télétravail) et réussi à interrompre une réunion en ligne avant d’en être chassés. Cette nouvelle manière de se mobiliser numériquement à l’heure du travail à distance et dans un contexte sanitaire qui empêche toute action ordinaire — et distribution de tracts au pied des sièges d’entreprise — est une première dans l’Hexagone.

« Les salariés qui ont répondu à notre appel à la grève ont envahi la salle de la plate-forme WebEx du CSE en se connectant au même moment. On a alors tous entendu des bip bip bip frénétiques puis on a vu apparaître des dizaines de fenêtres de connexion qui s’ouvraient en même temps », relate avec satisfaction José Sainz, délégué syndical de la CGT, tout en qualifiant de « succès » le fait d’avoir « réussi à organiser cette grève numérique au sein d’un groupe américain ».

« Le directeur des relations sociales a eu un moment de panique car il avait oublié de cocher le contrôle d’accès numérique, poursuit Serge Lerloc’h, également syndicaliste CGT. II a évacué la salle en ligne en cliquant à toute vitesse sur les fenêtres de connexion pour faire sortir tout le monde avant de se faire totalement envahir virtuellement. Il a ensuite regretté son geste, expliquant qu’il ne reconnaissait pas les salariés dont certains avaient changé leurs noms pour des pseudos IBM en grève. » Le représentant syndical précise que les salariés d’IBM sont environ « 250 » à assister « chaque jeudi aux AG virtuelles », depuis l’annonce de la réorganisation de l’entreprise, début octobre.

1 251 suppressions de postes prévues en France

Avant de mener l’opération, et pour se coordonner, les grévistes s’étaient donné rendez-vous sur les plates-formes de visioconférences Zoom et Twitch. « Finalement, c’est un envahissement assez classique de comité d’entreprise, sauf que pour le réussir, il a fallu s’adapter, faire des tests de connexion en amont, relate un salarié. Ça a marché et on a pu montrer à la direction que l’on peut encore se mobiliser, que l’on soit à distance ou en présentiel et malgré le fait qu’on nous délocalise au bout d’une ligne informatique qu’ils peuvent couper d’un seul clic. »

La grève intervient après quatre mois de négociations infructueuses avec la direction concernant le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et le transfert de l’activité de maintenance informatique vers une nouvelle filiale. Dans ce cadre, selon l’intersyndicale, 1 251 suppressions de postes sont prévues chez IBM France, avec prioritairement des départs volontaires, soit environ un quart des effectifs.

Le transfert d’un autre quart (jusqu’à 1 400 postes) vers une nouvelle structure, nommée NewCo-Kyndryl, serait envisagé dans le cadre de la réorganisation mondiale du groupe. Une situation contre laquelle tous les syndicats se sont opposés, d’autant que le plan prévoit des licenciements. Pour ces derniers, ce PSE n’est pas justifié par la situation économique de l’entreprise. Sur le site de Nice, en première ligne ce vendredi, une centaine de postes sur les 400 seraient menacés, ainsi que 35 environ des 130 du site de Sophia Antipolis.

Ces suppressions s’inscrivent dans une restructuration mondiale d’IBM qui touche plus de 20 % des effectifs en Europe, environ 10 000 personnes, selon les syndicats majoritaires. Contactée au sujet de la « télégrève » et du PSE, la direction d’IBM n’a pas souhaité faire de commentaire.

Article Aujourd’Hui en France du 17 avril 2021

Article publié le 21 avril 2021.


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