vous êtes ici : accueil > Interpro

Vos outils
  • Diminuer la taille du texte
  • Agmenter la taille du texte
  • Envoyer le lien à un ami
  • Imprimer le texte

Mobilisation. Médecins, chefs de service, infirmières contre le PLFSS 2020

Dans le sillage de la grève des urgences, des praticiens ont battu le pavé avec les paramédicaux pour protester contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), adopté hier en première lecture à l’Assemblée nationale.

Un drôle de cortège funèbre a marché, ce mardi, jusqu’au ministère de l’Économie. Des infirmières et des médecins ont tenu une couronne mortuaire, symbole de la mort programmée de l’hôpital public, en réponse à l’adoption en première lecture, à l’Assemblée nationale, du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020.

Un système au bord de la rupture
« Ce budget de la Sécu n’est pas du tout à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes confrontés », dénonce la neurologue Sophie Crozier, à l’initiative du collectif inter-Hôpitaux. « Il n’y a pas de prise de conscience du gouvernement. Nous demandons un plan d’urgence pour l’hôpital », poursuit la soignante. Des rassemblements se sont également déroulés sur tout le territoire. Pour la première fois depuis la grève des urgences, praticiens et paramédicaux ont manifesté ensemble. « La situation est très critique, notre système de santé est au bord de la rupture », alerte Sophie Crozier.

Les soignants rejettent en bloc le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020. Avec un objectif national de dépenses de l’assurance-maladie (Ondam) de 2,3 % seulement, le gouvernement prépare un énième plan d’économies dans la santé. Cette année, le montant des coupes à réaliser va atteindre 4 milliards d’euros. Pour respecter les dépenses de santé fixées par le gouvernement, l’hôpital public sera donc mis largement à contribution, avec 800 millions d’euros d’économies programmées. Ces nouvelles restrictions budgétaires vont justifier les prochaines fermetures de services, qui entraîneront des suppressions de postes et, pour les personnels, une dégradation de leurs conditions de travail.

« Un Ondam aussi bas, ce sont des dizaines de milliers de postes supprimés dans la fonction publique hospitalière, dénonce Olivier Youinou, co-secrétaire général SUD santé de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Derrière ces politiques d’austérité, il y a un projet : alimenter la défiance entre les agents et le service public hospitalier, mais également entre les patients et l’hôpital public. » Ce énième coup de rabot risque d’assombrir encore le paysage sanitaire. « Pour les malades, c’est l’accès aux soins qui en pâtira, avec un renoncement à consulter, des délais d’attente aux urgences rallongés… » prévient Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf). En somme, résume l’urgentiste, « les perdants seront les plus pauvres, qui sont généralement les plus malades ».

« Comment va-t-on passer l’hiver ! »
Prochaine étape de la mobilisation, les syndicats et collectifs appellent à une grande manifestation nationale le 14 novembre. Ils portent ensemble l’exigence d’une augmentation de budget de la Sécu à hauteur de 5 %, une hausse des salaires net à hauteur de 300 euros et l’arrêt des fermetures de lits. « Nous ne sommes absolument pas reçus et entendus depuis le début du conflit par la ministre de la Santé. L’attitude du gouvernement montre qu’il ne prend pas en compte ces colères, alors que le système de santé s’effondre. À Mulhouse, par exemple, on n’arrive même plus à faire fonctionner l’hôpital ! Partout, on se demande comment on va passer l’hiver ! » déplore Christophe Prudhomme, de la CGT santé.

En attendant, les hospitaliers maintiennent la pression. Dans les établissements, la « grève du codage » s’accélère. « Sur 39 hôpitaux de l’AP-HP, 20 sont déjà en mouvement, indique la neurologue Sophie Crozier. Nous en avons recensé une dizaine en province. » En cessant de transmettre aux directions les informations permettant à l’hôpital de facturer à l’assurance-maladie les actes médicaux effectués, les médecins grévistes peuvent entraîner une perte des recettes pour l’hôpital. En parallèle, le mouvement aux urgences, lancé à la mi-mars, compte encore 269 services mobilisés. Suivis largement par les soignants, ces mouvements sociaux expriment la crise profonde du système sanitaire français. « Le président de la République va être obligé de réagir, relève André Grimaldi, professeur émérite de diabétologie au CHU de la Pitié Salpêtrière. Nous sommes au bord d’une catastrophe sans précédent. »

Article L’humanité du 30 octobre 2019

Article publié le 30 octobre 2019.


Politique de confidentialité. Site réalisé en interne et propulsé par SPIP.