vous êtes ici : accueil > Publications > FS : Formation Spécialisée (ex CHSCT)

Vos outils
  • Diminuer la taille du texte
  • Agmenter la taille du texte
  • Envoyer le lien à un ami
  • Imprimer le texte

L histoire de Philippe inspecteur des finances publiques "malade" parce qu"’incapable" de s’adapter à une organisation délétère du travail.

L’histoire de Philippe inspecteur des finances publiques "malade" parce qu"’incapable" de s’adapter à une organisation délétère du travail.

Un très bon article des camarades de la DIRCOFI Sud Pyrénées que nous reprenons... Merci à eux

Harcèlement, suicide, souffrance dans la fonction publique.
Du déni à la maltraitance
5 MARS 2019 PAR ASD-PRO BLOG

Non contentes de nier les effets délétères pour la santé de leurs organisations du travail, certaines administrations y rajoutent des comportements qui constituent une véritable maltraitance. Les victimes voulant faire reconnaître leurs droits, les syndicalistes dénonçant ces atteintes à la santé, les lanceurs d’alerte ; deviennent des menaces, qu’il convient à tout prix de réduire à néant.

Philippe est inspecteur des finances publiques. Affecté en tant que trésorier dans une perception du sud de la France en … ??? , il y découvrira un retard important de 6 années qu’il mettra à coeur de rattraper malgré un effectif limité à deux agents et lui-même. Il alertera sa hiérarchie sur la surcharge de travail et les difficultés qu’ils rencontraient pour remplir au mieux la tâche qui lui était fixée.

En avril 2006, épuisé, surmené, il subira une crise d’anxiété majeure qui conduira a trois hospitalisations successives pour lesquelles les médecins constaterons palpitations, vertiges, sueurs, sensation de mort imminente présentant un tableau d’anxiété majeure en lien avec un « surmenage professionnel et mal être par rapport au travail ». Dans l’ignorance de ses droits, Philippe ne fera aucune demande d’imputabilité au travail de ses arrêts de travail. Son administration non plus.

Quelques temps après son retour au travail, en mai 2007 il est victime d’une agression physique sur son lieu de travail par une contribuable, qui sera suivie d’une nouvelle agression de la part de l’époux de celle ci, avec insultes et menaces.

L’administration ne déclare pas ces agressions en accident du travail, et ne s’associera pas à la plainte pénale déposée par Philippe (malgré le témoignage du maire de la commune) et l’obligation réglementaire de le faire dans ces cas précis.

Dès lors, les manifestations d’une souffrance psychique extrême se développeront s’accompagnant de pathologie physiques, d’hypertension, d’apnée du sommeil et cervicalgies … toutes ces pathologies sont connues pour leur origine psychosomatiques, mais Philippe l’ignore encore à ce stade. Il ignore que ces somatisations inquiétantes découlent des réponses – ou plutôt des non réponses – de son administration aux problèmes qu’il rencontre dans l’exercice de ses fonctions et responsabilités.

En janvier 2011 on lui affecte la gestion d’une autre trésorerie en plus de la sienne. Refusant d’en gérer deux, il est alors nommé dans la seconde mais de bien mauvaises « surprises » l’attendent :

Alors que sa direction lui avait parlé d’une équipe « au top », il découvre une fois sur place que la plupart veulent partir, que l’ambiance est très mauvaise notamment du fait de la fermeture programmée de cette trésorerie...
Par ailleurs, il découvre une organisation tout à fait différente de celle à laquelle sa direction l’a soumis durant 10 ans dans son poste précédent, et ce, malgré ses nombreuses alertes... il découvre, de fait, que l’administration l’a laissé travailler dans des conditions délétères durant tout ce temps... ces découvertes déclenchent des douleurs d’une telle violence qu’il devra être évacué par le SAMU et hospitalisé à peine arrivé...

De fait, il découvre que le travail qu’il faisait seul dans la précédente trésorerie doit en fait être réalisé par trois personnes selon les directives du ministère ; il comprends alors les causes réelles de son épuisement et des symptômes de burn out .

Les conditions de travail se dégradant au rythme des départs ; ses manifestations de douleurs physiques s’amplifient, il subira des interventions pour plusieurs troubles musculo-squelettiques dont la survenue est caractéristique d’un stress intense.

En juin 2013, épuisé psychiquement et physiquement alors qu’il reprend le travail, il apprend la fermeture de la trésorerie dont il est responsable et il pensera que l’administration a profité de ses problèmes de santé pour accélérer cette fermeture. Il apprend également sa rétrogradation professionnelle puisqu’il est affecté comme chargé de mission…. Sorte de mise au placard ! A son arrivée il est accueilli par son chef de la façon suivante : « J’ai vu la direction. Tu fais partie des quatre agents à problème dans le département… ». Il attendra deux semaines avant d’avoir un bureau et un ordinateur !

C’est là qu’il prendra conscience que l’ensemble de ses troubles somatiques et son état de stress et de dépression sont liés, et ont pour origine le travail. Jusque là personne, aucun médecins (et il en a vu des dizaines) ne lui a conseillé d’engager des procédures de reconnaissance.

Ce n’est qu’en 2015 que son médecin traitant l’incitera à obtenir la reconnaissance en maladie professionnelle de ses différents troubles.

Dès ce moment d’autres ennuis vont apparaitre. Jusque là, en étant un responsable de trésorerie « inconsciemment gênant » (parce qu’il réclamait de bonnes conditions de travail pour bien faire son travail...) il n’était pas considéré « dangereux ». Mais dès lors qu’il demande réparation, il devient une menace pour cette administration coupable depuis longtemps de malveillances à son égard.

Comme nous le disons plus haut : tant que la victime reste victime… « tout va bien » pour l ‘administration. Mais quand la victime demande réparation, alors la maltraitance s’organise à un second niveau.

Trois ans de procédures, non encore terminées, et pas moins de 10 expertises !

Dix expertise toutes contradictoires les unes avec les autres, mais avec une caractéristique commune : aucune n’a investigué le travail réel et concret de Philippe et seulement deux d’entres elles établissent un lien direct et certain entre ses différentes pathologies et son travail et approuvent le reconnaissance l’une en maladie hors tableau (mais « hélas » avec un taux d’IPP inférieur à 25% ce qui fait dire à l’expert que cette reconnaissance est impossible, ce qui est faux car dans la fonction publique le « seuil » des 25% n’existe pas ; l’autre en maladie contractée en service et donc sans rente d’invalidité) !

Évidement l’administration s’appuie sur les expertises qui réfutent le lien avec le travail pour refuser l’imputabilité et la reconnaissance de la Maladie professionnelle.

Avec en parallèlement un renforcement de la mise à l’écart professionnel accompagné de la propagation de rumeurs diffamatoires consistant à dire que Philippe présenterait des « risques » pour ses collègues, et recommande aux femmes de ne pas rester seules avec lui.

Aujourd’hui Philippe n’est plus au travail, pas en arrêt maladie, l’administration a refusée la mise en congé longue durée, il n’est pas en disponibilité, pas en retraite d’office, son salaire brut est à 1100 €.

Le tribunal administratif doit se prononcer prochainement… mais le comble tient dans l’argument développé par l’administration. Elle réfute l’imputabilité en reprenant les conclusions du dernier expert, à savoir que ce dont souffre Philippe est un « trouble de l’adaptation du sujet à son travail… » (ce qui est assez cocasse de la part d’un expert qui ne connaît rien au travail et qui le dit lui-même n’étant pas allé chercher le courrier recommandé de Philippe qui lui expliquait justement ses contraintes de travail) !

Ainsi donc, pour l’administration et grâce à ce psychiatre dont elle reprends le diagnostic psychique sans y réfléchir, si Philippe est en souffrance et qu’il a développé toutes ces pathologies physiques et psychiques c’est parce qu’il est incapable de s’adapter à son travail !!!!

Et dire que, naïfs que nous sommes, nous pensions que l’article L4121-2 alinéa 4 du code du travail stipulait au contraire qu’il fallait adapter le travail à l’Homme, et que cela constitue un des principes de prévention que l’employeur à l’obligation de mettre en œuvre, en plus de son obligation de résultat en matière de santé !

à lire intégralement
https://blogs.mediapart.fr/asd-pro/blog/050319/harcelement-suicide-souffrance-dans-la-fonction-publique-du-deni-la-maltraitance

Article publié le 18 mars 2019.


Politique de confidentialité. Site réalisé en interne et propulsé par SPIP.