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“Sans fermeture de site, l’impact de l’absence d’une partie des travailleurs sur site est faible sur les consommations de gaz et d’électricité”, explique une étude publiée lundi 3 avril. L’“effet rebond” du télétravail sur la consommation d’énergie dans le logement des agents est également “très limité”.
Le (très recommandé) télétravail des agents publics n’a qu’un impact très faible sur la consommation d’énergie de l’administration lorsqu’une partie seulement de ces agents sont absents. Les économies d’énergie sont beaucoup plus importantes, en revanche, quand les bâtiments sont fermés. Ce sont les enseignements d’une étude menée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et l’Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb), dont les résultats ont été publiés ce lundi 3 avril.
Destinée à mesurer les effets du télétravail sur la consommation d’énergie, cette étude reposait sur la mesure pendant cinq mois de la consommation énergétique de 10 sites du ministère de l’Écologie et de la Cohésion des territoires, du secrétariat d’État chargé de la Mer ou de l’Ademe situés en Île-de-France et en province. Cent agents volontaires ont également participé à cette étude en partageant leurs données de consommation.
“Sans fermeture de site, l’impact de l’absence d’une partie des travailleurs sur site est faible sur les consommations de gaz et d’électricité (chauffage, ordinateurs, éclairage…)”, souligne ainsi l’étude. Si cet impact reste “négligeable”, des économies d’énergie ont malgré tout été relevées dans les bureaux des bâtiments publics scrutés.
Des économies liées à la sobriété dans les bureaux
En novembre et décembre 2022, 20 % d’économies d’énergie ont ainsi été constatées dans les bureaux par rapport aux mêmes mois en 2021. Dans le détail, les consommations de chauffage ont baissé de 38 % en moyenne sur la même période à un an d’intervalle. Mais, expliquent l’Ademe et l’Ifpeb, cette baisse est surtout “imputable à la sobriété” et non au télétravail. Parmi les actions de sobriété évoquées, figurant notamment le décalage du démarrage de la saison de chauffage, l’optimisation de la consigne de chauffage à 19 degrés ou encore la réduction du chauffage si le local est inoccupé. Autant de consignes données dans le cadre du plan de sobriété “pour un État exemplaire”.
Les fermetures de sites sur une journée entière, expérimentées fin 2022 au ministère de l’Écologie et à l’Ademe, ont en revanche généré des économies d’énergie plus importantes, de l’ordre de 25 à 40 %. Un gisement “maximal potentiel” de 60 % est même évoqué dans l’étude. Ce qui fait voir à l’Ademe et à l’Ifpeb, dans ces fermetures de bâtiments publics sur une journée, un “potentiel intéressant d’économies d’énergie pour gérer les tensions sur le réseau électrique”.
L’étude se penche également sur l’éventuel “effet rebond” du télétravail sur la consommation d’énergie des agents publics à leur domicile. Selon les premiers résultats recensés, cet effet rebond entraînerait une hausse de 1,4 kWh sur une journée de télétravail. Un effet “très limité” au regard des “gains réalisés” dans les bureaux et sur les déplacements [lire l’encadré qui suit cet article], soulignent l’Ademe et l’Ifpeb.
Augmentation de l’indemnité télétravail
La faiblesse de cet effet rebond pourrait être liée à l’absence de réduction du chauffage chez les agents publics en cas d’inoccupation du logement. “Plus l’occupant a la capacité de piloter la température de son logement, plus l’effet rebond sera important”, affirment les auteurs de l’étude. Et d’ajouter : “Avec la possibilité de réduire la température de chauffage lors des absences, il est fort probable que l’effet rebond soit plus élevé.”
Dans le cadre de son plan “pour un État exemplaire”, pour rappel, l’exécutif avait en effet appelé à développer le recours au télétravail dans la fonction publique afin d’“économiser” de l’énergie et la consommation de carburant, mais aussi pour “optimiser l’usage des bâtiments” et leur consommation d’énergie.
Dès la fin août dernier, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, avait avancé l’idée d’un développement du télétravail pour pouvoir fermer des bâtiments publics et ainsi réduire la consommation d’énergie. Une piste qui avait alors suscité l’ire des syndicats, ceux-ci accusant l’exécutif de vouloir faire porter sur les seuls agents publics l’effort de réduction de la consommation d’énergie. Ce que le gouvernement avait réfuté en promettant d’accompagner les agents publics dans un telle hypothèse. Aussi, pour aider les agents publics “à faire face à la hausse des prix de l’énergie”, le gouvernement avait-il annoncé une hausse de 15 % de l’indemnité télétravail “afin de couvrir l’augmentation des prix de l’énergie à partir de début 2023”. Une promesse actée en novembre dernier.
Fortes disparités des économies d’énergie dans les transports
Les économies d’énergie générées par le télétravail sur les transports diffèrent fortement selon la localisation du lieu de travail et le mode de transport. En régions hors agglomération parisienne, où les agents utilisent souvent la voiture et donc du carburant, les économies d’énergie sont ainsi 2 à 4 fois plus importantes qu’en région parisienne, où les agents viennent plus souvent au travail à pied, en vélo ou en transports en commun.
Article Acteurs Publics du 3 avril 2023
Article publié le 4 avril 2023.