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Gabriel Attal veut de l’IA générative partout pour libérer du temps aux agents

À l’issue du 8e Comité interminstériel la transformation publique, le Premier ministre, Gabriel Attal, a déclaré vouloir mettre un coup d’accélérateur sur le déploiement de l’IA dans les services publics, "une chance pour remettre de l’humain au cœur de nos services publics". Il a également annoncé la mise à disposition d’une IA conversationnelle de type ChatGPT pour tous les agents utilisateurs de l’application Tchap.

Et un comité interministériel de la transformation publique de plus. Ce 23 avril au matin, se tenait le 8eme CITP depuis 2018 et l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. L’occasion de dresser un bilan des actions engagées : l’intégration de nouveaux services publics dans le programme de mesure de la qualité ServicePublics+ (48 services publics partenaires à date), l’amélioration du taux de décroché au téléphone, passant de 16% en 2021 à 85% dans un peu plus de la moitié des principaux services publics, l’internalisation de compétences de conseil au sein de l’Etat (formalisée avec la création d’une Agence de Conseil Interne), densification du réseau des maisons France Services (2 700 à date, accessibles à 20 minutes pour 95% des Français)... Et les poursuivre. Ainsi, la DITP s’attaquera à la simplification des démarches autour de nouveaux “moments de vie” (« je deviens parent » et « je scolarise un enfant ») tandis que le nombre de maisons France Services montera à 3000.
Mais la vraie nouveauté de ce CITP, c’est le virage affirmé et assumé haut et fort vers l’intelligence artificielle. Un mois après la remise du rapport du comité IA, qui appelait à investir massivement - 10 milliards d’euros en cinq ans - dans le déploiement de l’intelligence artificielle dans le service public, le gouvernement fait de cette technologie la toute première priorité de ce CITP. Avec un premier engagement donc : “s’appuyer sur l’IA pour permettre aux agents de répondre plus rapidement et plus efficacement aux demandes des usagers, en ligne et aux guichets”. Le Premier ministre Gabriel Attal a d’ailleurs ouvert son discours de sortie de CITP sur cette question. “Depuis quelques mois, une révolution se fait à bas bruit dans l’État, et je vous annonce aujourd’hui que nous avons développé une IA générative 100% souveraine et française qui va révolutionner nos services publics”, a-t-il affirmé, à propos du projet “Albert” développé par la Direction interministérielle du numérique, et déjà expérimenté dans 26 maisons France Services pour aider les conseillers à répondre aux questions des usagers sur telle ou telle démarche.

Des propos à nuancer : l’État n’a pas développé son propre grand modèle de langue, il n’a fait que piocher dans des modèles existants, et notamment celui de Facebook (Llama 2) pour les réentraîner et en faire à la fois un modèle plus spécialisé sur le service public mais tout de même généraliste. À chaque administration, ensuite, de se l’approprier, soit en l’état, soit en le respécialisant encore davantage sur les spécificités métiers. Seul moyen non seulement de répondre aux besoins des agents, mais aussi de limiter les erreurs et hallucinations de l’IA. Dans le cas des France Services, le modèle a été réentraîné et adapté pour aller chercher ses réponses dans une base de documentation fiable sur les démarches administratives des différents opérateurs partenaires.
“Pour l’État, la révolution de l’IA c’est quatre éléments : des procédures plus simples, des délais plus rapides, des réponses plus sécurisées et des politiques plus efficaces”, a énuméré Gabriel Attal. Et de citer plusieurs exemples d’applications concrètes : d’Aristote, l’IA de CentraleSupélec spécialisée dans la génération de quizz et interrogations à partir des cours des enseignants de l’enseignement supérieur, à LIRIAe, l’IA de pré-instruction automatisée des projets environnementaux déposés auprès des directions régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement. En passant par Contact’IA, l’outil de production de réponses aux 16 millions de mails envoyés par les contribuables chaque année et développé par les Impôts. Sans oublier l’expérimentation sur la plate-forme ServicesPublics+, qui a permis aux agents de répondre plus rapidement aux avis laissés par les usagers : le délai moyen de réponse est tombé de 19 jours en moyenne sans IA, à 3,3 jours, en l’espace de quelques mois. “Tant et tant d’autres cas d’usages verront le jour dans les prochains mois, pour automatiser la retranscription des audiences judiciaires et des comptes rendus médicaux, et même faciliter la gestion RH des personnels de la fonction publique. Cette révolution ne fait que commencer, mais nous la mettons dès aujourd’hui au service des Français”, a déclaré le Premier ministre.

De l’IA pour “réhumaniser” le service public ?
Le positionnement de l’exécutif est désormais clair : il voit dans l’IA, notamment générative, non pas un moyen de remplacer les agents, mais une “chance pour remettre de l’humain au cœur de nos services publics, a insisté Gabriel Attal. On voit souvent un paradoxe entre les deux, mais je pense qu’ils sont hautement compatibles et vont se renforcer l’un et l’autre : à l’IA les tâches répétitives, à nos agents le contact et le relationnel”. L’exécutif espère en effet dégager du temps en automatisant ce qui peut l’être, pour le consacrer aux “relations humaines”.

Ce nouveau CITP a enfin été l’occasion de confirmer le projet, porté par la Direction interministérielle du numérique, de mettre une IA conversationnelle de type ChatGPT dans les mains de tous les agents publics, pour “faciliter et accélérer les tâches du quotidien telles que la rédaction de mails, la structuration de notes, la correction de texte, ou encore la génération d’idées”, selon le compte-rendu du comité. La mise à disposition de l’IA Albert se fera à travers l’application de messagerie Tchap, et donc dans un environnement sécurisé, sans crainte d’exposer des données personnelles ou sensibles. L’IA générative de la Dinum devrait par ailleurs être prochainement ouverte en open source et rendue accessible par API, pour permettre aux administrations, dont les collectivités locales, de pouvoir jouer avec et l’expérimenter sur leurs propres besoins. En revanche, aucun financement supplémentaire n’a encore été annoncé pour soutenir l’émergence et le déploiement de cas d’usages de l’IA générative dans le service public.

Article Acteurs Publics du 23 avril 2024

Article publié le 25 avril 2024.


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