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Auditionnée ce mercredi 16 juillet par les députés et sénateurs, la ministre chargée des Comptes publics Amélie de Montchalin a notamment soutenu l’annonce du non‑remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite. “On ne veut pas faire une RGPP homogène”, a‑t‑elle assuré, en misant sur une approche de modernisation et sur la prise en compte des évolutions démographiques “qui ne demandera pas le même taux d’administration futur”.
Amélie de Montchalin fait le service après‑vente du plan de redressement des finances publiques de François Bayrou. Auditionnée le mercredi 16 juillet par les députés et les sénateurs, la ministre chargée des Comptes publics a tenté de défendre les mesures d’économies annoncées la veille par François Bayrou.
Face aux critiques des oppositions, la ministre a ainsi exclu une politique du “rabot”. “Ce n’est pas une coupe brutale dans les services publics “, a‑t‑elle assuré en détaillant le contenu du “tiré‑à‑part” qui vient d’être transmis au Parlement et qui récapitule les plafonds de dépenses prévus l’année prochaine pour les ministères. Un document qui donne de premières indications sur les arbitrages budgétaires sur chaque mission de l’État. Et certains ministères s’en sortiront mieux que d’autres (voir encadré).
Les dépenses de l’État devraient ainsi atteindre 1 722 milliards d’euros en 2026, soit une hausse de 29 milliards d’euros environ par rapport aux 1 693 milliards estimés pour 2025. “Sans effort de notre part et en intégrant le nouvel effort de dépenses, la dépense publique atteindrait environ 1 752 milliards d’euros, soit une hausse d’environ 60 milliards d’euros”, assure l’exécutif dans son “tiré‑à‑part”. Et de préciser que cette dépense progresse naturellement, en raison, notamment, de la dynamique des dépenses de santé ou de l’augmentation de la charge de la dette.
“Pas de RGPP homogène”
Au‑delà, Amélie de Montchalin a profité de son audition pour répondre aux interrogations suscitées par la réduction annoncée du nombre de postes dans la fonction publique d’État. Outre 3 000 suppressions de postes déjà envisagées pour 2026, le gouvernement Bayrou compte en effet inscrire cet effort “dans la durée” avec, en 2027, la mise en place de la règle du non‑remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite.
La droite, notamment, a fait état de ses doutes quant à l’atteinte de ces objectifs de réduction de postes. “J’ai compris que ce non‑remplacement ne toucherait pas les Armées, l’Éducation nationale, l’Intérieur et la Justice, a ainsi souligné le sénateur Dominique de Legge. Ça veut donc dire, qu’à un moment, ça ne sera pas un sur trois mais peut‑être un sur dix “.
“Sur les emplois, s’il y a bien une chose que l’on veut faire, ce n’est pas la RGPP homogène”, lui a répondu Amélie de Montchalin, en référence, donc, à la règle du un sur deux menée sous l’ère Sarkozy dans le cadre de la Revue générale des politiques publiques (RGPP), qui avait alors contribué à la réduction de 5,4 % des effectifs de l’État, soit 136 000 postes supprimés environ dans les services de l’État et de ses opérateurs. Cette réforme (menée sans distinction, selon ses détracteurs) a été brutale, expliquaient néanmoins les inspections générales (IGF, IGAS, IGA) dans un bilan de la RGPP, en septembre 2012 : “Les outils mis en place n’ont pas permis d’éviter l’aggravation des désajustements entre missions et effectifs”.
Une démographie qui “ne demandera pas le même taux d’administration”
“Ça n’a aucun sens de faire [le non-remplacement] de manière homogène dans tous les ministères et dans tous les domaines, a abondé la ministre. On ne va pas le faire dans les armées puisqu’on recrute, ni dans la pénitentiaire comme on réarme, ni dans la gendarmerie comme on recrute”.
Pour Amélie de Montchalin, il faut néanmoins adapter les effectifs en fonction de la modernisation des administrations. Elle a notamment cité, à ce propos, le cas de la transformation numérique des finances publiques, mais aussi du prélèvement à la source, qui ont abouti à des suppressions de postes au sein de la DGFiP. “Il faut aussi adapter notre service public à la démographie, a‑t‑elle ajouté. Quand vous avez 21 % de naissances de moins, cela ne veut pas dire qu’il faut 21 % de professeurs en moins, mais la carte scolaire va nécessairement amener à une réduction du nombre de recrutements de professeurs.”
Le non‑remplacement d’un fonctionnaire sur trois “se fera en tenant compte des évolutions démographiques qui ont lieu dans de très nombreux domaines et qui ne demandera pas le même taux d’administration futur”, a abondé la ministre. Une exception est néanmoins prévue à court‑terme s’agissant de l’éducation nationale, en raison de la réforme de la formation des enseignants : “Nous allons désormais recruter les enseignants deux ans plus tôt. Pendant deux ans, il y aura donc une espèce de bosse de recrutements qui disparaîtra quand la réforme aura été pleinement lancée”.
Les ministères gagnants et perdants de la première maquette du budget 2026
Selon les données communiquées dans le “tiré‑à‑part”, le budget de la défense devrait augmenter de 6,7 milliards d’euros. C’est 3,5 milliards d’euros de plus que ce qui était initialement envisagé. Une hausse de 400 millions d’euros est également prévue pour la mission “Sécurité”, et de 200 millions pour la Justice. Les crédits de la mission “Écologie, développement et mobilités durables” devraient quant à eux augmenter de 600 millions d’euros. Pour la recherche et l’enseignement supérieur, la hausse serait de 300 millions d’euros et pour l’enseignement scolaire, de 0,2 million d’euros. À l’inverse, d’autres missions budgétaires voient leur enveloppe revue à la baisse. C’est le cas notamment des missions “Solidarité, insertion et égalité des chances” (-1,7 milliard), “Travail, emploi et administration des ministères sociaux” (- 1,3 milliard) et “Cohésion des territoires” (- 900 millions). Une baisse de 200 millions d’euros est quant à elle prévue pour les missions “Économie”, “Agriculture, alimentation, forêts et affaires rurales”, “Culture”, “Outre‑mer” ou encore “Transformation et fonctions publiques”. À noter que les prélèvements sur recettes (PSR) au profit de l’Union européenne devraient augmenter de 5,7 milliards d’euros. Le niveau des intérêts de la dette de l’État augmenterait pour sa part de 8 milliards d’euros.
Article Acteurs Publics du 17 juillet 2025
Article publié le 22 juillet 2025.