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Selon l’enquête annuelle du collectif Une fonction publique pour la transition écologique, la culture environnementale progresse dans les administrations. Les avancées seraient toutefois trop lentes au regard des enjeux, creusant le fossé entre les agents engagés et leur hiérarchie.
Plus d’un an après la publication de la circulaire “Services publics écoresponsables”, les administrations ont-elles progressé en matière de transition écologique ? S’il n’existe pas, à ce jour, de données quantitatives concernant l’avancée des différentes mesures, l’association Une fonction publique pour la transition écologique mène chaque année une enquête auprès des agents, dont l’édition 2024 a été publiée ce 5 février.
Elle prend la température du niveau d’engagement écologique des fonctionnaires, et surtout de la perception qu’ils ont de l’action de leur administration. L’ambition du collectif est ainsi d’identifier les attentes des agents publics afin de les porter au niveau national.
À noter que l’enquête est le fruit d’un questionnaire fondé sur le volontariat, qui n’a donc pas vocation à être exhaustif. Ces chiffres représentent un échantillon de 628 agents, toutes catégories et tous statuts confondus, interrogés entre septembre et décembre 2024. Toutefois, assure le collectif, les profils des répondants reflètent la composition de la fonction publique, enregistrant 64 % de femmes et une prédominance des fonctions territoriale et d’État (93 % des réponses).
Des agents de plus en plus engagés
Premier constat : la part des agents se revendiquant engagés “à titre personnel” en faveur de l’écologie est en hausse, étant passée de 42 % l’an dernier à 57 %. Et bonne nouvelle : du point de vue de ces mêmes agents, la prise de conscience de leurs administrations se serait améliorée, atteignant 60 % contre 40 % dans la dernière édition.
En revanche, lorsqu’il s’agit de passer à l’action, le tableau est moins rose. Les fonctionnaires considérant que leur administration répond aux enjeux ne dépassent pas les 28 %. Et seulement 42 % des répondants considèrent qu’elle a concrètement progressé en faveur de la transition écologique, contre 48,8 % en 2023 et 49,5 % en 2022. “Les raisons de ce manque d’actions demeurent, d’après les répondants, les mêmes depuis trois ans : manque de moyens dédiés humains et financiers, et défaut de motivation des élus ou dirigeants”, explique le collectif. Mieux formés (en 2024 seuls 17,4 % des répondants indiquent n’avoir jamais suivi de formation à la transition écologique), les agents seraient désormais plus exigeants vis-à-vis de leurs employeurs.
Appel à responsabiliser les managers
D’autant que l’impulsion hiérarchique serait fondamentale. Ainsi, 2 agents sur 3 indiquent avoir constaté ou mis en œuvre une action réussie dans leur contexte professionnel en matière de transition, contre 1 sur 3 en 2023, des expériences “attribuées à la volonté des élus et des managers”. Les répondants mettent en lumière un décalage entre les ambitions affichées et les engagements concrets, et appellent les décideurs, que ce soient leurs élus ou leurs responsables hiérarchiques, à faire de la transition écologique une priorité.
Au-delà du management, des problématique institutionnelles et structurelles empêcheraient “une mise en œuvre cohérente de la transition écologique”. Les agents alertent notamment sur l’incohérence entre les dispositifs et les financements, la poursuite de décisions allant à l’encontre de la transition écologique ou encore la réalisation de projets n’ayant pas fait l’objet d’études d’impact au préalable. “Le service de la commande publique m’a découragée de tenter d’ajouter des clauses environnementales dans un marché de travaux”, témoigne par exemple une répondante. Un autre agent interrogé rapporte avoir dû reporter la mise en place d’un Schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables (Spaser) par “manque de moyens humains”.
Priorité à l’adaptation
De la même manière, les priorités affichées par les agents n’ont pas changé depuis les deux précédentes éditions. La première est toujours l’adaptation au changement climatique, à la fois en agissant sur l’isolation par l’extérieur et la désartificialisation des sols. La deuxième urgence demeure pour les répondants la sobriété énergétique, notamment en renonçant aux trajets en avion. Un agent propose, par exemple, de mettre en place un “quota carbone par service”, et un autre de mettre en œuvre un “plan de sobriété contraignant et avec incitations pour les agents”. Enfin, les fonctionnaires interrogés appellent massivement à une prise en compte croissante de la biodiversité et au développement de compétences métiers.
“Sont également citées d’autres actions, preuve supplémentaire de la hausse de connaissance collective”, analyse le collectif. On retrouve ainsi les politiques d’achats durables, la sobriété numérique ou encore la nécessité de diminuer la quantité de viande et de proposer des alternatives végétariennes ou végétaliennes de qualité en restauration collective.
“Malgré les insuffisances encore soulignées, les résultats de l’enquête traduisent une (trop) lente mais néanmoins encourageante progression de la culture environnementale dans les administrations”, conclut le collectif. Pour accélérer, il appelle l’État et les collectivités territoriales à faire évoluer les structures et les processus de décision de l’administration, “afin de baser la conception et la mise en œuvre des politiques publiques à l’aune des objectifs de développement durable et de la transition écologique”.
Article Acteurs Publics du 5 février 2025
Article publié le 6 février 2025.