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Budget 2026 Ce qu’il faut retenir des orientations budgétaires annoncées par Sébastien Lecornu

Pour tenter de durer et faire passer son budget, Sébastien Lecornu a consenti à plusieurs concessions, renvoyant la balle au Parlement. Mais le cadre général voulu par Emmanuel Macron n’est pas remis en cause.

La prise de parole tant attendue du Premier ministre le 14 octobre à l’Assemblée nationale n’a rien eu de révolutionnaire. Au fond, Sébastien Lecornu n’a rien lâché de définitif sur la politique menée depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Il l’a simplement mise sur pause, une pause censée lui permettre de durer un peu plus longtemps que son premier gouvernement.

En attendant que les débats parlementaires fixent les orientations définitives du budget 2026, le locataire de Matignon a mis sur la table trois éléments à retenir.

1/ Un objectif de déficit de 4,7 à 5 %

Le premier concerne l’objectif fixé pour l’an prochain : 4,7 % de déficit, avec une légère marge de manœuvre car au final « ce déficit devra être à moins de 5 % du PIB » a-t-il précisé, se laissant 0,2 à 0,3 point de PIB, soit 6 à 10 milliards de négociations, ce qui est mince.

Comme les gouvernements précédents, le Premier ministre entend maîtriser le déficit en réduisant les dépenses de l’Etat, sans autre précision à ce stade. Comme il n’existe pas de trésor caché permettant, par une réorganisation ou une « simplification », d’économiser beaucoup, il faudra attendre le détail des débats budgétaires pour voir où se situent concrètement les économies souhaitées.

2/ Les très riches épargnés

Il n’y a pas d’avancée vers une possible taxe Zucman dans les propos de Sébastien Lecornu. Sans avoir eu besoin de manifester, le Medef qui porte la parole des ultrariches, au point de susciter une division inédite au sein du patronat, a été entendu.
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En matière d’imposition des très grandes fortunes, « iI faut reconnaître qu’il peut y avoir des anomalies », a bien voulu admettre du bout des lèvres le Premier ministre. En clair, ce sont des contribuables qui paient moins d’impôts que les autres relativement à leurs revenus.

Mais les solutions proposées pour corriger cette anomalie restent faiblardes : un encadrement des pratiques d’optimisation fiscale, une contribution exceptionnelle – traduire « temporaire » – des très grandes fortunes. Et, surtout, un net refus de faire entrer dans toute base d’imposition les biens professionnels. Autant dire que l’assiette de la taxation des très riches restera réduite et le montant des impôts recueillis faible.

3/ Suspension de la réforme des retraites : une concession importante mais pas un abandon

Il est rare que dans un discours de politique générale, un sujet en particulier écrase tous les autres. Mais la période actuelle étant à part, l’auditoire était tout ouïe lorsque Sébastien Lecornu a ouvert le chapitre des retraites, clé probable de la censure (ou non) du gouvernement par le Parti socialiste (PS), et donc de sa chute potentielle.

Sous pression, le locataire de Matignon a consenti à faire tomber l’un des totems d’Emmanuel Macron, en acceptant de suspendre la réforme portée par Elisabeth Borne et Olivier Dussopt en janvier 2023. La menace de dissolution a donc réussi là où les manifestations géantes de l’hiver 2023 avaient échoué.

Concrètement, le Premier ministre va proposer au Parlement qu’il suspende immédiatement la réforme. Pour rappel, l’âge légal de départ devait passer de 62 à 64 ans. Ce déploiement, progressif, a déjà commencé. Pour la génération née en 1963, l’âge de départ est de 62 ans et 9 mois. Il devait passer à 63 ans pour la génération 1964, mais le Premier ministre propose que les compteurs soient désormais bloqués jusqu’en janvier 2028. En théorie, donc, la génération 1964 (sous réserve d’avoir cotisé tous ses trimestres) pourra partir à l’automne 2026 plutôt qu’en janvier 2027.

Le nombre de trimestres requis pour un départ à taux plein est lui aussi concerné par la suspension. Pour rappel, la réforme Borne de 2023 a accéléré la réforme Touraine de 2014, qui augmentait progressivement le nombre de trimestres de cotisation nécessaires à une retraite à taux plein. Actuellement fixé à 170 trimestres, ce nombre ne bougera pas jusqu’en janvier 2028. Là aussi, la génération née en 1964 est gagnante : elle aurait dû, sans suspension, justifier de 171 trimestres de cotisation pour bénéficier d’une retraite complète. Au total, « cette suspension bénéficiera à terme à 3,5 millions de Français », estime le locataire de Matignon.

Cette décision aura bien sûr un coût budgétaire, mais il reste relativement faible dans la mesure où les pleins effets de la réforme de 2023 étaient attendus pour 2035, une fois son déploiement complet. Le Premier ministre estime le coût à 400 millions d’euros pour 2026, et 1,8 milliard en 2027.

La concession ne signifie cependant pas enterrement de la réforme Borne. Sébastien Lecornu a immédiatement prévenu qu’il « n’endosserait pas n’importe quoi » et que la suspension « devra être compensée par des économies [et] ne pourra pas se faire au prix d’un déficit accru ». Le Premier ministre, pas échaudé par l’échec du conclave, propose une conférence paritaire et ouvre la porte à une gestion du système par les partenaires sociaux, sur le modèle de l’Agirc-Arrco.

Sur le papier, le signal est positif mais dans les faits, cette proposition n’est pas sans risque, comme nous l’expliquions dans un précédent article. Reste qu’il est toujours plus facile de discuter sereinement lorsqu’une réforme, largement rejetée par la population, est suspendue, plutôt que lorsque l’horloge de son déploiement continue de tourner.

Article Alternatives Économiques du 14 octobre 2025

En complément, l’analyse CGT du PLF 2026.

Article publié le 15 octobre 2025.


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