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Just Eat veut laisser un tiers de ses livreurs sur le bas-côté

UBÉRISATION La plateforme, qui avait communiqué bruyamment sur son objectif de salarier 4 500 coursiers, vient d’annoncer son désengagement d’une vingtaine de villes.

Les postes de 269 livreurs ainsi qu’une trentaine de managers sont menacés, soit un tiers des coursiers français salariés par Just Eat. L’entreprise avait marqué les esprits en janvier 2021 avec son annonce de recruter 4 500 livreurs en CDI, à contre-courant des Uber Eats et Deliveroo qui dominent le marché français avec leurs bataillons d’autoentrepreneurs. Un an après, il ne reste plus qu’un quart des salariés promis par« son modèle de livraison responsable ». Et, la semaine dernière, les élus du personnel (CGT et FO) se sont vu informer que la plateforme comptait supprimer tous ses CDI dans une vingtaine de villes de France. Après le CSE, les salariés de l’entreprise ont appris la nouvelle par une visioconférence…

« Ce qui est sûr, c’est qu’on ne va pas négocier la misère »,lance Ludovic Rioux, délégué CGT chez Just Eat. Le syndicat va rencontrer les livreurs, même si les élus sont à Lyon et Paris. Premières villes où le groupe a salarié des coursiers, ces agglomérations sont les deux seules à disposer de représentants, à cause du refus de la direction d’abaisser à moins d’un an le seuil d’ancienneté nécessaire pour se présenter aux élections du personnel.

Un Modèle hybride et flou

La plateforme, elle, va poursuivre son modèle hybride : un repas commandé sur l’application peut être livré par des coursiers salariés par les restaurants, par des autoentrepreneurs de Stuart, la filiale de La Poste, et, dans sept villes encore, par des livreurs en veste orange de Just Eat en CDI. De quoi, mis à part le contrat de travail, rendre encore plus floue la différence entre les conditions de travail des livreurs de Just Eat et des coursiers en autoentrepreneuriat de ses concurrents.« Quand je travaillais pour Deliveroo, je disposais d’un planning semblable sur lequel je devais m’inscrire le lundi. De même, on doit travailler au moins un soir du week-end, avec nos propres vélos et smartphones… La vraie différence est que le rapport de subordination est ici assumé »,explique Ludovic Rioux. À l’inverse des autres plateformes, le temps de travail est encadré, même si un accord maison permet à la direction de décaler des heures d’une semaine sur l’autre. Le salariat a aussi permis des victoires pour les livreurs lyonnais, où la CGT est forte : ils ont notamment obtenu une indemnité kilométrique.

La direction argue de mauvais résultats pour justifier la casse sociale.« Just Eat et sa maison mère (Takeaway – NDLR) pèse 4,5 milliards d’euros en Bourse, ils sont présents dans des dizaines et des dizaines de villes, ce n’est clairement pas quelques livreurs au Smic qui leur coûtent cher »,s’insurge Ludovic Rioux. Le représentant syndical reconnaît que les autoentrepreneurs d’Uber Eats et de Deliveroo représentent un vrai dumping social. Mais, avec un peu de temps et d’investissements, cette concurrence déloyale n’a rien de rédhibitoire. Just Eat espérait qu’une décision de justice ou politique vienne mettre à mal le modèle antisocial de ses concurrents. Sera-ce pour ce mardi ? Le tribunal correctionnel de Paris rend son délibéré dans le cadre du procès Deliveroo, poursuivi pour travail dissimulé.

Article L’Humanité du 19 avril 2022

Article publié le 19 avril 2022.


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