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Législatives 2024 : pouvoir d’achat, immigration, éducation… Comparez les programmes du RN, du Nouveau Front populaire et du camp présidentiel

Pouvoir d’achat, transition écologique, sécurité ou santé... Franceinfo vous résume, sur quinze thèmes différents, les principales propositions des trois grands blocs qui vont se disputer la majorité à l’Assemblée lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet.
Que proposent le Nouveau Front populaire, le Rassemblement national et le camp présidentiel pour l’avenir du pays ? La rédaction de Franceinfo a retenu 15 thèmes de cette (courte) campagne pour les élections législatives anticipées, qui se dérouleront les dimanches 30 juin et 7 juillet. Pour recenser les propositions des trois principaux blocs, nous nous sommes appuyés sur les programmes présentés au compte-goutte depuis dix jours. Nous n’évoquons pas dans cet article le chiffrage et le financement des différents projets, ou la faisabilité des différentes mesures. Ces aspects sont traités par ailleurs sur notre site.
Du programme de rupture promis par le Nouveau Front populaire (NFP) en cas de cohabitation aux mesures annoncées par Gabriel Attal pour prolonger la politique menée par le camp présidentiel (Renaissance et ses alliés), en passant par le projet du RN, voici tout ce qu’il faut savoir avant d’aller voter pour le premier tour du scrutin.
Pouvoir d’achat Prix de l’énergie Retraites Emploi et chômage Fiscalité et dette publique Climat et transition écologique Education et jeunesse Système de santé Fin de vie Immigration Logement Agriculture Sécurité et justice Guerre en Ukraine Conflit au Proche-Orient

Pouvoir d’achat
Le pouvoir d’achat est l’une des priorités des Français. Si le plus fort de la crise inflationniste semble passé, les prix restent hauts et les différents partis politiques multiplient les propositions pour alléger la facture des consommateurs.

• S’il arrive au pouvoir, le Nouveau Front populaire souhaite augmenter le salaire minimum net mensuel (smic) de 200 euros, à 1 600 euros, et ce, dès les "15 premiers jours". Cette proposition figure parmi ses mesures d’urgence. L’alliance de gauche veut aussi indexer les salaires sur l’inflation et rehausser le point d’indice des fonctionnaires. Elle entend également bloquer, par décret, les prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants. Une grande conférence sociale "sur les salaires, l’emploi et la qualification" figure aussi parmi ses propositions.
• Aider les classes moyennes est l’une des priorités du camp présidentiel. Il veut notamment rehausser le plafond de la prime de partage de la valeur ("prime Macron"), qui est versée volontairement par l’employeur aux salariés et en partie défiscalisée. Elle pourrait atteindre 10 000 euros, contre 6 000 aujourd’hui. Gabriel Attal, le Premier ministre en campagne, a également promis d’exonérer de frais de notaire jusqu’à 250 000 euros les primo-accédants à la propriété. La mise en place d’"achats groupés" pour les fournitures scolaires, qui réduiraient leur prix jusqu’à 15%, figure aussi parmi les propositions d’Ensemble pour la République.
• Le parti d’extrême droite souhaite la suppression de la TVA sur une centaine de produits de première nécessité, mais "dans un second temps". Un décalage que Jordan Bardella justifie par la situation financière du pays, "en quasi-faillite" selon lui. Depuis les élections européennes, le président du Rassemblement national temporise en effet sur plusieurs mesures. S’il arrive à Matignon, il dit aussi vouloir organiser en juillet une conférence sociale avec les partenaires sociaux sur la question des salaires et des conditions de travail.

Prix de l’énergie
Conséquence de la forte reprise économique qui a suivi la crise du Covid, et surtout de la guerre en Ukraine, les prix de l’électricité, du gaz et des carburants (avec des variations notables ) ont flambé depuis début 2022. Le gouvernement a gelé et plafonné les prix avec un bouclier tarifaire ou accordé des ristournes à la pompe, mais cette politique coûteuse pour les finances publiques a vécu et les prix de l’énergie continuent de grever le pouvoir d’achat des Français.

• Dans son programme, l’alliance des formations de gauche prévoit d’annuler la hausse de près de 12% du prix du gaz programmée le 1er juillet. Par la suite, elle entend interdire les coupures de courant, de chaleur et de gaz hors des trêves hivernales. Les premiers kilowattheures (kWh), nécessaires pour les besoins essentiels, deviendraient gratuits à terme. Le Nouveau Front populaire promet également la suppression de la TICFE, une taxe sur toutes les factures d’énergie, qui avait été mise en pause pendant deux ans (février 2022 à février 2024) avec le bouclier tarifaire. 
• Gabriel Attal a promis, le 15 juin sur France 2, une baisse de 15% des factures d’électricité "dès l’hiver prochain" (Bruno Le Maire a, lui, évoqué une baisse "de 10 à 15% en février 2025"), "grâce à la réforme du marché européen de l’électricité que nous avons obtenue", a rappelé le Premier ministre. Un argument martelé par la majorité sortante pour compenser la hausse du prix du gaz de 11,7% en juillet. Le gouvernement ne prévoit pas de mesure spécifique sur les carburants, après avoir permis le plafonnement du litre à 2 euros pendant de longs mois. L’indemnité carburant de 100 euros pour les 10 millions de travailleurs les plus modestes ne sera, elle, remise en place que si les prix frôlent à nouveau les 2 euros le litre.
• Jordan Bardella promet de réduire la TVA sur les énergies (électricité, gaz, fioul) et le carburant de 20% à 5,5%. Le patron du RN entend mettre en œuvre cette baisse dès cet été, via un projet de loi de finances rectificative et lors d’une session parlementaire extraordinaire qui ne peut être convoquée que par le président de la République. Il souhaite ensuite négocier dès juillet avec Bruxelles pour déroger aux règles européennes de fixation du prix de l’électricité (comme l’ont fait l’Espagne ou le Portugal), ce qui permettrait, assure-t-il, de "baisser de 30% les factures". Son projet prévoit un plan de relance du nucléaire et des investissements (non chiffrés) dans les barrages hydroélectriques.

Retraites 
L’âge du départ à la retraite est revenu sur le devant de la scène dans cette campagne éclair pour les législatives. Comme il l’avait promis lors de la campagne présidentielle 2022, Emmanuel Macron a reculé cet âge de départ de deux ans, le passant de 62 à 64 ans, après de longues semaines de conflit social, un passage en force à l’Assemblée avec le 49.3 et une censure partielle du Conseil constitutionnel . 

• La coalition de gauche promet d’abroger cette réforme. "Le lendemain du jour où il y a un gouvernement, tous ceux qui ont 62 ans partent en retraite parce que nous annulons tous les décrets sur la retraite à 64 ans" , a assuré Jean-Luc Mélenchon le 12 juin sur France 2. A plus long terme, le Nouveau Front populaire réaffirme un "objectif commun du droit à la retraite à 60 ans", alors que la question de l’âge de départ a divisé socialistes et insoumis durant la campagne des européennes et que la question du financement du régime des retraites se pose si cette proposition se concrétisait.
• Le parti présidentiel ne va pas changer la loi qu’il a eu tant de mal à faire valider. Emmanuel Macron a simplement confirmé que les pensions de retraite seraient indexées sur l’inflation, comme le prévoit la loi instaurée en 1993, mais qui n’est pas toujours appliquée. Avant cette annonce, Bruno Le Maire avait déjà acté une hausse de 5,2%, à partir du 1er janvier. Au moment de l’entrée en vigueur de la réforme, en octobre 2023, une revalorisation pouvant aller jusqu’à 100 euros pour les plus petites pensions avait également été mise en place.
• Lors de la campagne présidentielle 2017, Marine Le Pen prônait la retraite à 60 ans avec 40 annuités. En 2022, le RN avait revu son projet, plaidant toujours pour une retraite à 60 ans, mais pour ceux étant entrés dans la vie active entre 17 et 20 ans. En 2023, les dirigeants du parti ont promis l’abrogation de la réforme du gouvernement d’Elisabeth Borne. 
Au lendemain de la dissolution, le RN a temporisé. Peut-être parce que le président des Républicains, Eric Ciotti, récent soutien du parti, n’est pas favorable à une abrogation du texte. Après avoir d’abord renvoyé cette question à "plus tard", Jordan Bardella a finalement tranché. Dans les colonnes du Parisien , il a assuré que la réforme des retraites serait abrogée "à partir de l’automne". Il a dit lundi sa volonté de permettre aux Français de partir à 60 ans s’ils ont commencé à travailler avant 20 ans, ou 62 ans avec 42 années de cotisation, selon un "calendrier progressif" qui devra être déterminé après l’audit des comptes publics.

Emploi et chômage
Les propositions des principaux blocs politiques concernant l’emploi se concentrent sur la nouvelle réforme de l’assurance-chômage, décidée par le gouvernement sortant. Elle prévoit de réduire la durée maximale d’indemnisation pour les chômeurs à 15 mois pour les moins de 57 ans (si le taux de chômage se maintient en dessous de 9%), contre 18 mois actuellement pour les moins de 53 ans. Ouvrir des droits sera également plus difficile : il faudra avoir travaillé 8 mois sur les 20 derniers, contre 6 mois sur 24 actuellement. Le gouvernement avait déjà durci les conditions d’accès une première fois en 2022 .

• La gauche propose d’abroger "immédiatement" les "réformes de l’assurance-chômage" mises en place par Emmanuel Macron. Les partis de gauche promettent également de "rendre la contribution sociale généralisée (CSG) progressive", puisque ce prélèvement, qui finance la protection sociale, a aujourd’hui un taux unique de 9,2%, quel que soit le niveau de revenus. Une situation jugée injuste par la gauche. Le Nouveau Front populaire veut aussi organiser "une conférence nationale sur le travail et la pénibilité". Objectifs : le "rétablissement" des 35 heures, et le passage "aux 32 heures dans les métiers pénibles ou de nuit" notamment.
• Renaissance et ses alliés souhaitent conserver leur réforme. Le décret permettant sa mise en œuvre "sera pris d’ici au 1er juillet", a ainsi confirmé le Premier ministre, le 13 juin sur France Inter, même si cette décision pourrait être incompatible avec la théorie des "affaires courantes". Lors de la présentation du programme de la majorité, Gabriel Attal a affirmé être "le seul bloc à défendre le travail". Le Premier ministre sortant propose ainsi l’expérimentation de la semaine en quatre jours et la mise en place d’une "COP travail" visant à lutter contre les accidents du travail.
• Le RN s’était prononcé contre la réforme de l’assurance-chômage lors des débats à l’Assemblée et avait même lancé une pétition en ligne sur son site. "J’en ai un peu assez qu’on demande systématiquement des efforts toujours aux mêmes", a expliqué Jordan Bardella sur France 3 le 16 juin. Il dit vouloir l’abroger, par décret, dès le mois de juillet.
Sur la question de l’emploi, le programme du parti prévoit d’inciter les employeurs à augmenter les salaires en les exonérant de la hausse des cotisations patronales pendant cinq ans maximum. Cette mesure s’appliquerait sur les hausses de rémunération jusqu’à 10%, dans la limite de trois smic.

Fiscalité et dette publique
Les finances publiques de la France vont mal. A tel point que la Commission européenne a ouvert la voie, le 19 juin, à une procédure pour "déficit public excessif" contre la France (mais aussi six autres pays de l’Union européenne). Cette mesure intervient alors que le déficit a dérapé à 5,5% du PIB en 2023. La France, dont la dette de 3 000 milliards d’euros atteint 110% du PIB, s’est pourtant engagée à réduire son déficit sous les 3% d’ici 2027, avec, donc, l’obligation de faire des économies budgétaires.

• L’alliance de gauche présente son programme comme celui de la "rupture", notamment sur le plan économique. Elle veut "un projet de loi de finances rectificative le 4 août pour se doter d’une politique fiscale juste". Elle souhaite notamment "accroître la progressivité de l’impôt sur le revenu à 14 tranches" et rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qu’elle veut renforcer en y ajoutant "un volet climatique". Elle envisage de "supprimer les niches fiscales inefficaces, injustes et polluantes", ou encore de réformer l’impôt sur l’héritage "pour le rendre plus progressif en ciblant les plus hauts patrimoines et instaurer un héritage maximum". Elle veut aussi abolir la "flat tax", un prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital qui vise à diminuer l’impôt payé par les contribuables les plus aisés, afin de les pousser à investir dans l’économie.
• Ensemble pour la République se présente comme le camp de la rigueur face "au matraquage fiscal" des oppositions de gauche et d’extrême droite. Gabriel Attal a pris l’engagement d’inscrire dans la loi "une règle d’or budgétaire" lors de la présentation du programme du camp présidentiel. Il a également réaffirmé sa volonté de ne pas augmenter les impôts, "quoi qu’il arrive". Le Premier ministre sortant souhaite un projet de loi de lutte contre les fraudes fiscale et sociale juste après le second tour des élections législatives, si son camp l’emporte. La volonté de ne pas appliquer d’impôt sur les successions et donations jusqu’à 150 000 euros par enfant fait aussi partie des mesures annoncées.
• Le RN veut ramener le déficit sous les 3% en 2027, comme la France s’y est engagée. Il envisage notamment de faire des économies sur "le coût de l’immigration" pour financer certaines de ses mesures. En matière de fiscalité, le parti propose d’instaurer une part fiscale complète dès le deuxième enfant et de rétablir la demi-part fiscale des veufs et veuves. Il compte aussi exempter d’impôt sur le revenu les jeunes de moins de 30 ans et d’impôt sur les sociétés les créateurs d’entreprise de moins de 30 ans. Le RN veut par ailleurs "supprimer les impôts sur l’héritage direct pour les familles modestes et les classes moyennes".

Climat et transition écologique
Les effets du réchauffement climatique ont beau se faire de plus en plus sentir en France , le sujet a été largement ignoré pendant la campagne des élections européennes et peine à émerger lors de celle des législatives anticipées. "L’écologie à la française" menée et vantée par le camp présidentiel – qui entend poursuivre son action – manque d’ambition, selon le bloc de gauche, tandis que l’extrême droite minimise la question de la crise climatique, ses effets et les possibles leviers d’action pour y faire face.

• L’alliance de gauche entend, en urgence, "décréter un moratoire sur les grands projets d’infrastructures autoroutières" , "adopter un moratoire sur les méga-bassines" et "mettre en place des règles précises de partage de l’eau sur l’ensemble des activités". Ces partis veulent "faire voter une loi énergie-climat" pour poser les fondations d’une vaste planification écologique, et viser la neutralité carbone en 2050. La planification écologique concerne aussi l’isolation des logements, avec davantage d’aides et une "prise en charge complète pour les ménages modestes". Si le nucléaire fait l’objet de désaccords entre les différentes formations, elles s’accordent sur la volonté de "faire de la France le leader européen des énergies marines avec l’éolien en mer et le développement des énergies hydroliennes".
• Le camp présidentiel souhaite "doubler" le nombre de voitures électriques en leasing social à 100 euros par mois. Un fonds de rénovation énergétique dédié aux classes moyennes a également été suggéré, avec l’objectif de rénover 300 000 logements supplémentaires d’ici 2027. Pour continuer de réduire les émissions françaises de CO2, qui ont baissé de 5,8% en 2023, le camp présidentiel souhaite s’appuyer sur la relance du nucléaire, "avec la mise en chantier de 14 nouveaux réacteurs", et la poursuite du développement des énergies renouvelables, dans la lignée de sa planification écologique. L’ambition est de baisser les émissions de 20% d’ici 2027, et de parvenir à la neutralité carbone en 2050.
• Le Rassemblement national fait campagne contre "l’écologie punitive" . Il prévoit de renoncer à l’interdiction de la vente des voitures à moteur thermique à l’horizon 2035, entérinée par l’UE. Le RN veut aussi "inciter" les constructeurs français à "développer des véhicules propres abordables". Il compte également supprimer les zones à faibles émissions (ZFE), mises en place dans certaines métropoles.
Concernant le secteur énergétique, le RN souhaite "sortir définitivement du charbon" en convertissant les centrales pour les tourner vers la biomasse. Il veut "refaire du nucléaire un élément majeur, fondamental, structurant du mix énergétique". Sur le renouvelable, il propose "un moratoire sur toute nouvelle construction de chantier éolien". Le parti veut par ailleurs "engager un plan de rénovation du réseau de distribution de l’eau".

Éducation et jeunesse
L’éducation est en chantier depuis de nombreuses années et les réformes se succèdent. En cas de changement de majorité et de cohabitation, un certain nombre de mesures ou de dispositifs pourraient être remis en cause par la gauche comme par le Rassemblement national (groupes de niveau, service national universel, Parcoursup…).

• Les partis de gauche proposent d’abroger la réforme du "choc des savoirs", impulsée par Gabriel Attal et censée mettre en place des groupes de niveau en sixième et cinquième à la rentrée. Le NFP souhaite aussi réduire les effectifs par classe et moduler les dotations des établissements en fonction de leurs efforts pour la mixité sociale. Dans le supérieur, deux mesures sont mises en avant : la suppression de la plateforme d’orientation Parcoursup et les repas à 1 euro dans les Crous pour tous les étudiants. La gauche unie vise par ailleurs l’arrêt du service national universel (SNU), alors qu’Emmanuel Macron souhaite sa généralisation à la rentrée 2026.
• Emmanuel Macron s’est prononcé mercredi pour l’interdiction du téléphone "avant 11 ans" et des réseaux sociaux "avant 15 ans". Il a également promis de "rebâtir l’aide sociale à l’enfance", de "prévenir les inégalités de départ", de "redonner le pouvoir aux professeurs, qui auront plus de liberté pédagogique, aux directeurs, qui pourront rémunérer et recruter plus librement". En avril, il avait déjà annoncé que les concours de l’enseignement seraient désormais accessibles à bac+3 au lieu de bac+5.
• Lundi 24 juin, Jordan Bardella a promis un "big bang de l’autorité" pour l’école dès la rentrée 2024, avec l’interdiction du téléphone portable dans les établissements, y compris les lycées, et la poursuite de l’expérimentation du port de l’uniforme, lancée par Emmanuel Macron. Le président du RN souhaite réformer le collège afin qu’il soit "modulaire" pour "orienter plus tôt et plus efficacement les élèves", a-t-il dit, citant les modèles suisse et allemand.
Ce programme est en grande partie inspiré de celui de Marine Le Pen en 2022, comme l’a confirmé à franceinfo le référent éducation du RN, Roger Chudeau. Il englobe donc, aussi, l’obligation d’obtenir le brevet pour passer en seconde – une mesure déjà annoncée par Gabriel Attal en décembre –, la fin de la réforme Blanquer (avec notamment le retour des séries S, ES et L, mais modernisées, et la non-prise en compte du contrôle continu au bac).
Le RN veut également revenir aux principes de la loi Ciotti (suspension des allocations familiales et des bourses scolaires en cas de perturbations "graves et répétées"). Les élèves "perturbateurs" pourront aussi être placés dans des "centres spécialisés", a annoncé Jordan Bardella. Enfin, Roger Chudeau précise que le RN ne souhaite pas faire des groupes de niveau la règle et que le SNU "doit être sauvegardé et développé".

Système de santé
Accès aux soins, pénurie de médicaments, hausse du prix des mutuelles, crise de l’hôpital public… Les trois grandes forces politiques partagent à peu près les mêmes constats pour le secteur de la santé, mais divergent sur les solutions à apporter.

• Les partis de gauche veulent organiser rapidement une "conférence de sauvetage de l’hôpital public" et "proposer la revalorisation du travail de nuit et du week-end pour ses personnels". Ils souhaitent aussi "engager un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social" et "conditionner l’ouverture des cliniques privées à la participation à la permanence des soins et à la garantie d’un reste à charge zéro". Le NFP veut par ailleurs "réguler l’installation des médecins dans les déserts médicaux". Il souhaite enfin "créer un pôle public du médicament avec renforcement des obligations de stocks".
• Gabriel Attal a confirmé le 20 juin la mise en place d’une complémentaire santé "publique" à 1 euro par jour pour les personnes qui n’ont pas de couverture. La mesure reviendrait à revoir un dispositif existant, car les plus modestes peuvent déjà bénéficier de la complémentaire santé solidaire (CSS). La proposition du camp présidentiel s’apparente donc à un élargissement de l’accès à cette mutuelle. Le bloc centriste promet aussi un grand plan de lutte contre les déserts médicaux et la poursuite des mesures déjà engagées, comme l’aide financière allouée aux médecins de ville afin qu’ils embauchent des secrétaires ou qu’ils délèguent plus de tâches.
• Le RN envisage de "combattre les déserts médicaux, soutenir l’hôpital public et garantir la sécurité de l’approvisionnement en médicaments", selon la profession de foi rédigée par le parti et destinée à tous ses candidats, citée par Le Journal du dimanche. Concrètement, il veut alléger dès la rentrée 2024 "les dispositifs de cumul emploi-retraite pour les médecins et les infirmiers" et exonérer d’impôt sur le revenu les praticiens retraités qui reprennent du service. Le RN compte supprimer les agences régionales de santé (ARS) et confier cette compétence aux préfets.
Dans une vidéo de campagne ciblant les électrices, Jordan Bardella a également précisé que, s’il devient Premier ministre, il ira "plus loin dans la défense des droits des femmes en luttant contre les déserts médicaux et particulièrement contre les déserts gynécologiques". Il promet aussi de reconnaître l’endométriose comme affection de longue durée.

Fin de vie
Un an après la remise du rapport de la convention citoyenne sur la fin de vie, le gouvernement a présenté, en avril, un projet de loi visant à renforcer les soins palliatifs et à instaurer une aide à mourir. Ce texte sensible, en cours d’examen à l’Assemblée nationale, a été tué dans l’œuf par la dissolution. Il est loin d’être acquis qu’il sera remis sur la table en cas de cohabitation.

• La gauche, pourtant largement favorable au texte sur le suicide assisté et l’euthanasie, n’en fait pas mention dans le programme du Nouveau Front populaire – où figure en revanche la promesse d’un "plan grand âge". Le chef des communistes, Fabien Roussel, a néanmoins démenti le 19 juin tout renoncement sur ce projet de loi : "Demain, nous le remettrons à l’ordre du jour du Parlement."
• Jugé "important" et "attendu" par les Français, le projet de loi sur la fin de vie sera "repris si la majorité est confirmée, élargie ou avec d’autres partenaires", a assuré Emmanuel Macron le 12 juin. En cas de victoire, un nouvel examen du texte est prévu dès la mi-juillet, selon le calendrier des "100 jours d’action" dévoilé par Gabriel Attal.
• Globalement hostile à l’aide à mourir, au même titre que Les Républicains, le Rassemblement national s’oppose clairement à une reprise du texte et défend l’idée d’un "moratoire" sur les sujets de société. "Notre pays n’a pas besoin d’être fracturé sur des questions sociétales", a affirmé son vice-président Sébastien Chenu, le 10 juin. En revanche, "on a très envie de travailler sur les soins palliatifs", a-t-il précisé. Le programme du RN, présenté lundi, n’aborde pas ce sujet.

Immigration
En matière d’immigration, thème cher à la droite et à l’extrême droite, les différents blocs ont eu l’occasion de se positionner très récemment. Lors des européennes d’abord, mais surtout lors de l’examen de la loi immigration , votée en janvier par la majorité présidentielle, avec les voix des Républicains et du Rassemblement national. Malgré son adoption, le texte fait toujours débat, notamment en raison de la censure de plusieurs mesures par le Conseil constitutionnel .

• Le NFP prévoit d’abroger la loi immigration et veut réviser le pacte européen sur la migration et l’asile. Les partis de la gauche unie promettent dans leur programme d’assurer un accompagnement social et une autorisation de travailler pour les demandeurs d’asile, et d’instituer la carte de séjour de dix ans comme titre de séjour de référence. Le NFP propose aussi de créer un statut de déplacé climatique.
• "Nous devons (...) continuer d’agir pour plus de sécurité, plus de fermeté (...) pour réduire l’immigration illégale", a déclaré Emmanuel Macron lors du lancement de la campagne du camp présidentiel. Le chef de l’Etat compte sur la loi adoptée en début d’année et sur le pacte européen sur la migration et l’asile, adopté en avril dans l’UE, pour répondre à "l’inquiétude existentielle" liée à l’immigration. Il a aussi promis des mesures concernant les mineurs étrangers non accompagnés, qui "posent un problème de sécurité dans plusieurs villes", selon lui.
• Le Rassemblement national veut une "loi d’urgence" sur l’immigration, en reprenant notamment certaines mesures censurées par le Conseil constitutionnel. Jordan Bardella souhaite en particulier la suppression du droit du sol, qui permet aux enfants nés en France de parents étrangers d’acquérir la nationalité française. Il veut aussi "accélérer les délais pour faciliter l’éloignement" des délinquants et criminels étrangers. Enfin, il souhaite transformer l’aide médicale de l’Etat (AME), qui permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins, en un fonds qui "ne couvrira que les urgences vitales". Le RN veut dès l’été demander aux préfets de suspendre "toutes les régularisations de clandestins".
A plus long terme, le parti compte renforcer "les sanctions pour les employeurs de travailleurs clandestins" et inscrire "la priorité nationale" dans la Constitution, ce qui impliquerait d’obtenir le soutien des trois cinquièmes des parlementaires ou de convoquer un référendum.

Logement
Traversé par une crise profonde, notamment à cause de la flambée des taux d’intérêt et de la baisse des ventes, le secteur du logement, considéré comme un sujet majeur par les Français, fait l’objet de propositions diverses des trois blocs. La gauche met l’accent sur le logement social, quand le camp présidentiel veut faciliter l’accès à la propriété.

• Le NFP veut "construire 200 000 logements publics par an pendant cinq ans aux normes écologiques les plus ambitieuses". Les partis de gauche souhaitent notamment "relancer la construction du logement social en revenant sur les coupes pour les organismes HLM de 1,4 milliard d’euros annuels". Ou faire passer "une grande loi pour garantir le droit au logement effectif", qui garantirait notamment l’encadrement des loyers dans les zones tendues, et le droit au prêt à taux zéro à tous les ménages primo-accédants.
• Gabriel Attal souhaite exonérer les classes moyennes et populaires des droits de mutation à titre onéreux (qui constituent une grande partie des frais de notaire) en cas de premier achat immobilier jusqu’à 250 000 euros. Il veut également mettre en place "un fonds de rénovation énergétique des logements des classes moyennes et populaires financé par une taxe sur les rachats d’actions". Objectif : rénover 300 000 logements supplémentaires d’ici 2027. Le camp présidentiel prévoit enfin une extension de la garantie de loyers.
• Marine Le Pen souhaite donner la priorité d’accès aux HLM "pour les foyers dont au moins l’un des parents est français", relaient Les Echos . Cette promesse a été réitérée en mai par Jordan Bardella sur France Inter. Le RN souhaite revenir sur la loi SRU, qui impose à 1 100 communes de disposer de 20% ou 25% de logements sociaux sur leur territoire. En matière de rénovation énergétique, Jordan Bardella veut abroger les interdictions et obligations liées au diagnostic de performance énergétique (DPE).

Agriculture
Après le vaste mouvement de colère du monde agricole au début de l’année, qui a touché plusieurs pays de l’UE, ce sujet s’est invité dans la campagne pour les élections européennes et fait désormais également figure d’enjeu important pour ces législatives anticipées. Si la protection des agriculteurs fait l’unanimité, les méthodes diffèrent selon les blocs, tout comme les projets pour l’agriculture de demain.

• La gauche promet de "protéger nos agriculteurs de la concurrence déloyale" et d’"annuler" le Ceta, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Elle compte également "renoncer" au traité de libre-échange avec le Mercosur, conclu entre l’UE et le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie. Au niveau européen, le NFP veut aussi réformer la Politique agricole commune (PAC) et instaurer des "clauses miroir". Le mouvement veut engager des négociations visant à garantir "un prix plancher et rémunérateur aux agriculteurs", "en taxant les superprofits des agro-industriels et de la grande distribution". Le NFP promet également de "rétablir le plan Ecophyto" et veut "interdire le glyphosate" , tout en accompagnant financièrement les agriculteurs. Il entend aussi soutenir la filière bio et encourager la conversion des exploitations.
• Le projet de loi d’orientation agricole du gouvernement, négocié à la suite du mouvement de colère des agriculteurs, a été adopté par les députés à la fin du mois de mai. Mais la dissolution de l’Assemblée nationale a sonné, pour l’heure, la fin de son parcours législatif. Le site officiel de l’administration française relève néanmoins qu’il pourra "reprendre après ouverture de la 17e législature, à condition que le nouveau gouvernement décide de l’inscrire à l’ordre du jour". Les principaux syndicats agricoles ont appelé à soutenir le texte qu’ils ont corédigé, tout en soulignant qu’il n’était qu’une étape avant des réformes plus ambitieuses.
• Si le RN est discret sur les crises environnementales, il met fortement l’accent sur l’agriculture. Le premier déplacement de campagne de Jordan Bardella a eu lieu, le 14 juin, dans une exploitation du Loiret. Il a notamment promis un "moratoire sur les accords de libre-échange pour protéger [les agriculteurs] face à la concurrence internationale déloyale". Il a également évoqué une "pause réglementaire" sur la réduction des produits phytosanitaires (dont le glyphosate, l’herbicide le plus vendu dans le monde), une "exonération des droits de succession" ou encore le "maintien de la fiscalité allégée sur le gazole non routier" , couramment appelé GNR. Lundi, Jordan Bardella a annoncé un plan "manger français" pour obliger les cantines à utiliser 80% de produits agricoles français à l’horizon 2027.

Sécurité et justice
Délinquance des mineurs, police de proximité, maintien de l’ordre, peines planchers... En matière de sécurité et de justice, les trois blocs avancent, sans surprise, avec des priorités et des propositions très différentes.

• Le NFP veut rétablir la police de proximité, maintenir l’ensemble des gendarmeries et revenir sur la réforme de la police judiciaire. Il veut également revoir et allonger la formation des policiers, interdire l’usage des lanceurs de balles de défense (LBD) et des grenades mutilantes, démanteler les brigades de répression de l’action violente motocycliste (Brav-M) et mettre en place un nouveau code de déontologie. Les partis de gauche proposent aussi de supprimer l’inspection générale de la police nationale (IGPN) et l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) et de les remplacer par un nouvel organisme indépendant rattaché au Défenseur des droits.
• Comme il l’avait déjà annoncé ces derniers mois, s’il est reconduit à Matignon, Gabriel Attal souhaite mettre l’accent sur la lutte contre la délinquance des mineurs, avec des peines "courtes et rapides" pour les plus de 16 ans dans les cas les plus graves, sur le principe de la comparution immédiate. Le camp présidentiel veut également revoir l’excuse de minorité pour "casser la récidive et le sentiment d’impunité".
• Une loi d’urgence sur la politique pénale sera présentée "dès les premières semaines" s’il arrive au pouvoir, assure le président du Rassemblement national, Jordan Bardella. Ce texte portera notamment sur le rétablissement des peines planchers pour les récidivistes, les atteintes aux personnes dépositaires d’une mission de service public et le trafic de drogue, a-t-il précisé lundi. Le parti veut aussi supprimer l’excuse de minorité et créer une présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre.

Guerre en Ukraine
Le conflit qui ravage l’Ukraine depuis l’invasion lancée par la Russie le 24 février 2022 divise la classe politique. La condamnation de cette opération militaire a été unanime, mais les moyens à employer pour retrouver le chemin de la paix font débat. Surtout que la position de la France s’est raffermie ces derniers mois, après les déclarations d’Emmanuel Macron et l’envoi d’armes toujours plus sophistiquées à Kiev.

• Dans son programme, le NFP appelle à stopper "la guerre d’agression de Vladimir Poutine". Il prévoit de continuer le soutien militaire à Kiev, en livrant les "armes nécessaires" pour aider à défendre "la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l’intégrité de ses frontières". Le risque d’escalade est toutefois brandi par la coalition de gauche, dont de nombreuses figures ont voté contre l’accord de sécurité franco-ukrainien en mars. Plutôt que de muscler l’aide militaire tricolore, l’alliance propose "l’envoi de Casques bleus [la force de l’ONU] pour sécuriser les centrales nucléaires" d’Ukraine et "d’œuvrer pour la paix" en tant que médiateur.
• Les partisans d’Emmanuel Macron veulent tenir la ligne tracée par le chef de l’Etat au cours de l’année écoulée. Canons, missiles à courte puis longue portée, avions de chasse : le président français a repoussé les lignes rouges concernant les livraisons d’armes. Le camp présidentiel veut continuer à cultiver "l’ambiguïté stratégique" vis-à-vis de cette guerre. Comme le résumait la tête de liste pour les européennes, Valérie Hayer, la coalition présidentielle propose de "soutenir" Kiev sans être "cobelligérant", et n’exclut pas l’envoi d’instructeurs militaires français en Ukraine, par exemple.
• Le parti d’extrême droite considère qu’intensifier le soutien militaire à Kiev est trop risqué. "Emmanuel Macron veut que la France entre en guerre", assurait encore fin mai Marine Le Pen. Depuis le début du conflit, l’ex-présidente du RN appelle à un "abandon" des sanctions européennes contre la Russie (visant son gaz et son pétrole, notamment), qu’elle considère comme inutiles et coûteuses pour la France. De son côté, Jordan Bardella appelle à fournir à l’Ukraine "de quoi tenir le front" , mais refuse "l’envoi de troupes" et la fourniture "de missiles longue portée ou de matériel" qui pourraient "frapper directement des villes russes", a-t-il détaillé lundi. Il estime aussi que Vladimir Poutine doit "retirer ses troupes" de l’Ukraine, mais pas de la Crimée annexée, pour que des négociations puissent avoir lieu.

Conflit au Proche-Orient
Après s’être imposé comme un thème majeur durant la campagne des européennes, le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza continue de mobiliser en France. L’ampleur des pertes humaines et des destructions dans l’enclave palestinienne a provoqué de nombreuses manifestations , et des actions jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale . Les débats portent notamment sur le soutien de la France à Israël, la reconnaissance d’un Etat palestinien , la gestion de la crise humanitaire engendrée par ce conflit, ou encore sa qualification comme potentiel génocide .

• L’alliance de gauche réclame un "cessez-le-feu immédiat" et énumère une série de mesures pour la paix. Dans son programme, le NFP propose de "rompre avec le soutien coupable" au gouvernement de Benyamin Nétanyahou et de mettre en place un embargo sur les livraisons d’armes à Israël. Les partis de gauche, qui expriment leur "rejet" du "projet théocratique" du Hamas, veulent aussi "reconnaître immédiatement" l’Etat palestinien "aux côtés de celui d’Israël". Le NFP souhaite aussi réclamer la tenue "d’élections libres sous contrôle international" pour les Palestiniens des territoires occupés.
• La coalition présidentielle appelle à un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza et à la libre-circulation de l’aide humanitaire. C’est la position du gouvernement sortant, relayée jusqu’au Conseil de sécurité des Nations unies. Comme l’expliquait à RFI le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, candidat dans les Hauts-de-Seine, il n’est pas exclu de prendre des "sanctions" contre Israël si le pays fait obstacle à cette aide. Emmanuel Macron s’est par ailleurs dit "prêt à reconnaître" un Etat palestinien, mais "à un moment utile", réclamant au passage des "réformes" à l’Autorité palestinienne.
• Le parti d’extrême droite soutient l’opération militaire israélienne, "riposte tout à fait légitime" aux attaques terroristes du Hamas le 7 octobre, selon Marine Le Pen. "Ils n’y vont pas de main morte, ça, je vous le concède", commentait fin avril sur France 3 Jordan Bardella, au sujet des frappes israéliennes sur Gaza. Le RN estime aussi que reconnaître un Etat palestinien aujourd’hui "serait reconnaître le terrorisme et ça serait accorder une légitimité politique à une organisation qui prévoit dans sa charte la destruction de l’Etat d’Israël", a déclaré Jordan Bardella lundi 24 juin.

Article France Info du 26 juin 2024

Article publié le 28 juin 2024.


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