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Risques psychosociaux L’enquête triennale du Comité national de prévention du stress révèle le sentiment d’inquiétude des salariés face aux orientations de la nouvelle direction depuis 2022. En témoigne, selon la CFE-CGC, la recrudescence des suicides.
La dernière enquête triennale réalisée par le Comité national de prévention du stress (CNPS) à Orange met en avant l’inquiétude croissante des salariés face aux réorganisations en cours. En témoigne la dégradation des indicateurs liés aux risques psychosociaux par rapport à la précédente étude de 2022. Pour la CFE-CGC d’Orange, premier syndicat au sein du groupe, qui a dévoilé ce document ce vendredi 21 février,« la crise sociale est de retour ». Contactée, la direction d’Orange n’a pas répondu à nos sollicitations.
Le CNPS est l’instance « héritière » de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées, mis en place en 2010 par les syndicats lors de la vague de suicides au sein de l’ex-France Télécom en 2009, sous la présidence de Didier Lombard, qui a été condamné, le 21 janvier 2025, pour harcèlement moral et institutionnel. Ce comité qui mène une enquête tous les trois ans afin de jauger l’état du climat social dans le groupe a ainsi missionné le cabinet d’expertise Secafi, chargé d’adresser un questionnaire à l’ensemble des salariés. C’est le premier depuis l’arrivée, en avril 2022, de Christel Heydemann à la direction générale, successeure de Stéphane Richard, dont l’action avait été saluée en interne comme source d’apaisement du climat après la crise des suicides.
Avec plus de 32 000 réponses recueillies, le taux de participation a été particulièrement élevé (+ 9 % par rapport à 2022) du côté d’Orange SA.« Les principaux indicateurs (…) sont tous orientés à la baisse en 2024 », résume d’entrée Secafi, qui note que« l’intensité du travail reste toujours à un niveau élevé »,équivalent à celui de 2012,tandis que« l’autonomie au travail accentue sa baisse amorcée en 2021 »et que« l’insécurité professionnelle accentue la dégradation déjà observée en 2021 avec la moitié de l’effectif qui considère que sa sécurité d’emploi est menacée ».
Les experts listent d’autres indicateurs préoccupants. À savoir, notamment, le fait que « toutes les questions liées au harcèlement connaissent une petite dégradation de leur score » et que « le ressenti de tensions dans les équipes progresse un peu dans quasiment toutes les activités ».
« les curseurs sont tous dans le rouge »
Dans leurs préconisations, les experts, qui lient la dégradation de ces résultats au« trop grand nombre de réorganisations et à la façon dont elles sont menées », appellent l’actuelle direction à revoir de fond en comble sa stratégie, avec comme boussole l’amélioration des conditions de travail.
« Nous sommes de nouveau dans une crise sociale », commente Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC, qui dénonce« le déni de la direction alors que les curseurs sont tous dans le rouge ». Il pointe ainsi« l’externalisation massive (…) des tâches les plus simples »,mais aussi« les départs en préretraite non remplacés »,« causant une surcharge de travail pour ceux qui restent ».
La survenance de quatre suicides, à l’automne dernier, est de nature à raviver les craintes, selon le syndicat, qui note qu’« ils ont lieu dans les périmètres où les réorganisations ont été les plus nombreuses, avec d’ores et déjà la requalification pour l’un d’entre eux en accident du travail par la CPAM, une première depuis treize ans ».
Article l’Humanité du 24 février 2025
Article publié le 25 février 2025.